A que recoucou !
Ce coup-ci, je vais avoir un peu plus de temps pour vous narrer mes aventures au cœur du bois Gaspésien. Après une nuit au motel de Saint-René-de-Matane, je viens de faire du pouce jusqu'à la municipalité d'Amqui pour y trouver sa bibliothèque et ordinateurs bienfaiteurs.
Je prends donc une journée de repos ("zero day" comme ils disent aux US t'as vu aiiiie !) avant de m'en retourner quelques km plus haut, ce soir, au village de Saint-Vianney sur le sentier.
Par où commencer... peut-être par le début !
Sur les crêtes des Vallières ! |
Au retour, il me dépose au gîte du Mont Albert, où de là j'attaquerai le lendemain mon ascension.
Le gîte du Mont Albert, en bas à droite, durant l'ascension du Mont Albert (mi-chemin) |
Ainsi, les pages de mon blog ont été imprimées et distribuées avec ma face en gros, histoire d'être connu comme le loup blanc : et cela a bien marché ! A chaque fois que je rencontrais quelqu'un du parc, j'avais droit à "Ah c'est toi !"... Oups, désolé messieurs-dames de vous avoir causé autant de soucis pour rien. Car si en effet, j'avais pensé à un moment à traverser sans payer, j'ai considéré finalement que l'investissement en valait la peine, et ce même si cela trouait mon budget... tant pis pas de poutines pour deux semaines !
Sur le plateau du Mont Albert, direction l'ouest ! |
Ainsi, au matin du premier jour, c'est rempli d'énergie que j'attaque, avec entre 15 et 17 kg sur le dos, l'ascension, face nord, du Mont Albert. 800 m de dénivelé sur 3 km : ouch ! Mais on le fait, et on oublie la douleur rapidement (c'est d'ailleurs le même constat que je fais chaque soir et matin : à chaque journée sa peine, mais à chaque nuit, on oublie !).
J'y suis ! |
Mon arrivée au premier site de couchage, le camping du lac Cascapédia, se fera tard, ce qui me permettra de rencontrer mon premier orignal, et quelle rencontre ce fut !
Le fameux bébé aveugle. |
Le Mont Logan à 1h de marche ! |
Bref, toujours est-il, qu'après ces rencontres, humaines et fauniques, les Mont Fortin et Collins, malgré leurs difficultés ne me feront pas flancher et ce même si le sentier vous fait emprunter des passages vraiment pas faciles. La rencontre avec 5 orignaux, sur les coups de 20 h (l'heure où ils sortent, car aucun randonneur sain d'esprit continue de marcher à cette heure-là... normalement), finira de clore une journée bien remplie !
Le lendemain, avec la fin du Parc national de Gaspésie, une grosse étape est franchie pour moi, comme si, à partir de maintenant, dans la réserve faunique Matane, cela en était fini des grosses côtes : ha ha ha... ben non.
Bien au contraire, direct ensuite, on attaque avec la montée, ou devrais-je dire, escalade du Mont Nicol-Albert, où heureusement, des cordes ont été installées pour pouvoir y grimper : nan mais vous êtes malades les mecs du SIA !
Un caribou - "on est repéré mon capitaine" |
Et cela sera justement le problème... le Mont Bailey ne sera fait que de ça, et la signalisation insuffisante, accompagnée d'uen grosse présence de sentiers d'orignaux me fera perdre le sentier complètement, à 4 km d'arriver. "Boaa" - que je me dis " si je file tout droit je vais finir par retrouver mon lac"... tsss gros débile, tu sais que cela marche jamais ça, et que ce qui fait se perdre les gens, c'est justement l'incapacité de remettre en question le schéma mental établi... et bien, même en le sachant, en l'enseignant, en l'ayant déjà expérimenté plusieurs fois, fatigué et pressé d'arriver, je fis l'erreur tout de même.
2 h à descendre la montagne dans des endroits impossibles, obligé parfois de lâcher le sac pour mieux désascalader, heureusement, je pourrais souvent suivre les sentiers d'orignaux (parfois mieux "entretenus" que le SIA lui-même ^^) jusqu'à la salvatrice rivière qui devrait, si je la remonte, me mener au lac. Sauf qu'une fois arrivé : je suis incapable de me situer précisément sur la carte, malgré la boussole. Il est déjà 19 h, et après une reconnaissance en amont et en aval (je trouverai un bois d'orignal dans la rivière à ce moment-là, je le trimballe sur mon dos depuis !), je décide de poser le camp, pour plus de sécurité et d'y réfléchir à tête reposée.
Les débuts de la réserve faunique de Matane, sa grimpe, mais c'est beau ! |
En effet, j'étais bien plus loin que prévu, mais au moins j'avais décidé d'aller dans la bonne direction... je ne suis pas encore une taupe en topographie- orientation. Mais c'est, non pas le lac visé, mais une route forestière qui me ramènera en sécurité en fin de matinée.
Ainsi, cette expérience en restera une bonne, car elle se finit bien, mais cela aurait vraiment pu se finir autrement. Le mec perdu est complètement con, même si plus fort physiquement qu'à l'habitude (en tous cas, au début), et ce grâce à l'effet chimpanzé. Ce fut d'ailleurs impressionnant, encore une fois, de ressentir comment toutes les douleurs de la journée (20 km de marche avec de grosses côtes) ont disparu instantanément au moment où j'ai pris conscience d'être dans la merde.
Juste avant de me perdre. Persuadé d'être presque arrivé...maudites fougères ! |
Mais bon, le sang-froid donné par l'expérience d'une situation plus ou moins similaire, et l'apprentissage via stages et discussions sur la question ont permis d'assurer mes fesses, une fois de plus. Merci à tous, vous m'avez bien aidé dans cette affaire !
Je finirai la journée tout de même là où j'avais prévu au départ, après encore plus de 25 km + la distance parcourue dans la pataugeoire...
Cet événement cassa un peu mon rythme et mon mental et je mis du temps, la journée suivante, à me remettre dans le bain. Une averse matinale, détrempant toute la végétation (maudites fougères !) n'y aidant pas. Néanmoins, la réserve faunique se termina la journée d'après, et il était grand temps : plus de bouffe ! Ou en tout cas, plus de sucrerie : et le sucre, c'est la vie ! J'aurais pu étirer les rations, mais cela allait bien comme cela.
C'est en finissant avec 20 petits km et 5 orignaux que je dirai au revoir à cette réserve qui me réserva plus d'épreuves que je ne l'aurais imaginé !
La fin ! Je la vois ! |
D'ailleurs, je vais vous laisser : un maxi hamburger + grosse poutine m'attendent quelque part ! J'en ai tant rêvé durant cette traversée qu'il est temps de réaliser mon rêve !
N'empêche, demain cela fera 3 mois que je suis au Québec ; dans 8 jours, 1 mois que je suis sur le sentier... une pointe de nostalgie me touche parfois. Vous me manquez tous, qui que vous soyez ! Les gens, les rencontres m'ont manqué face aux épreuves de cette traversée, j'ai hâte d'être aux USA pour croiser plus de monde !
Allez, j 'ai vraiment faim, portez-vous bien les copains ! :D
Des photos dès que je peux !
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