vendredi 20 décembre 2013

Mexique, Mexico : Mexicooooohooooo !

Hola amigos !

Ouais, nan, je me la joue Espagnol mais en réalité je galère comme un Russe avec mon espagnol. Oh, cela ne manque pas de me faire rigoler mais cela a de quoi être frustrant. Moi qui m'étais habitué à découvrir les pays visités en discutant avec ceux que je rencontrais... là c'est vachement plus compliqué !

Bref, après un départ de Los Angeles fort en émotions, me voici dans un bus qui devrait me faire franchir la frontière à hauteur de Tijuana pour ensuite me déposer dans la station de bus de cette dernière. 2 h plus tard, frontière : tous le monde descend. Je suis plus que troublé du dispositif de douane, il est complètement possible de passer la frontière sans aucun tampon... et à vrai dire c'est ce que je fais au début, pensant que cela allait arriver ensuite. Mais non... bienvenido Mexico ! Heuuu, il me manque un truc les copains.
Je retourne de l'autre côté du contrôle de sécurité en faisant coucou à la sécurité "il faut aller dans le bureau d'immigration, là-bas, dans le coin, caché dans l'ombre, ou y'a pas de panneau" (bon j'exagère un peu, c'était juste sous mon nez... mais on ne me dis jamais rien à moi aussi !)
Je galère à comprendre qu'il va me falloir sortir 50 USD pour avoir droit d'être un touriste et me trimbaler avec un papelard en plus de mon tampon.
Au final, après bien 30 minutes d'administratif à la con, me voilà sur le quai... sans mon bus. Mouarf, on va se marrer pendant ce voyage !

La suite sera tout de même plus calme puisqu'après avoir chopé un van taxi, je me fais finalement droper dans la station de bus de Tijuana. 40 minutes plus tard, j'étais dans mon bus qui me déposera ici, à Mexico City. 52 h de bus plus tard, bam m'y voilà ! J'en ai les yeux et la gorge qui piquent. La pollution y est terrible. C'est sûrement le premier choc. Ensuite, ensuite, eh bien tous mes souvenirs d'Argentine me reviennent. Les odeurs, les sons, les coutumes et même si je découvre beaucoup de différences, je ne me sens pas si perdu que cela.
Il est presque 21 h quand je sors de la gare où je viens d'acheter mon billet direct pour le lendemain, départ 18 h. Je reste sur les grandes rues à la recherche d'un hôtel et après quelques minutes de marche, le voici. Ma capacité à communiquer m'offre encore quelques rigolotes conversations, mais me voilà enfin affalé dans un vrai lit. La télé est allumée, j'ai le choix entre 5 chaînes pornos, un documentaire sur la reproduction des tortues et des chaînes d'informations zébrées... du coup, je choisis la douche... De tout façon, je peux profiter du porno via mes voisins de chambres... :D

Et me voilà de retour dans la station de bus à attendre mon bus, après quelques courses dans les rues bruyantes et grises de la ville, je m'y retrouve encore mieux de rester ici.
Il m'est difficile de vous décrire cette pollution, je sais, je fais que de le répéter, mais c'est littéralement un brouillard qui s'étend sur la ville. Je ne sais pas si c'est toujours pareil, mais avec la chaleur (30°... oui je sais :p), j'imagine que cela ne doit pas aider.

Encore entre 30 à 40 h de bus et je devrais enfin atteindre ma destination !

Ainsi comme vous pouvez le lire, tout se passe pour le mieux sur ce coin de la planète, hâte de retrouver mes parents... 8 mois... Aujourd'hui cela fait exactement 8 mois. Il s'en est passé des choses en 8 mois.

A bientôt !

jeudi 12 décembre 2013

Mill Valley : il était une fois un voyageur solitaire...

Sur la route 1, le long de la côte
Salut les copains ! Pas d’inquiétude, ici tout va bien ! A vrai dire, cela va même très très bien ! :) 

Que dire pour vous résumer mes presque deux derniers mois ?

Je vous ai donc quitté aux alentours de Fort Bragg, au nord de la Californie ou après plusieurs semaines en constante (bonne) compagnie, le besoin de voyager seul s’était fait ressentir à nouveau. L’objectif en ces temps-là (cela me paraît littéralement il y a très très longtemps !) était de rejoindre le Sud de la Californie en suivant la route 1, qui elle-même suit la côte ouest, puis de rejoindre le Texas.
Un autre visage de l'H 1
L'Highway 1 comme ils l'appellent, suit la côte de la Californie. Entre collines sèches, sapins et Redwoods centenaires, les falaises rocailleuses se jettent dans l'océan sous un ciel d'azur. L'asphalte défile entre mes différents lifts. Je prends mon temps, en appréciant ce voyage seul. Je m'arrêterai dans un camping, au fond d'un vallon, entre les Redwoods, pour aller randonner sur une petite montagne aux alentours. Je passe la nuit avec une bande de 3 vieux potes de 70 ans. Autour du feu, des générations discutent, une bûche crépite, des cultures partagent. Une chouette rencontre !
Le lendemain matin, je me fais récupérer par un couple néo-zélandais, Nic et Léonie, en voyage aux USA après 8 ans de vie à Londres, avant de rentrer dans leur pays natal.  La Nouvelle-Zélande, c'était prévu comme ma prochaine étape après l'Amérique du Sud, mais après avoir partagé trois jours de suite avec ce couple, complètement par hasard, ma décision était définitivement prise : j'irai en Nouvelle-Zélande avant de rentrer en France !
En randonnée sur les hauteurs de la côte,
au fond, Point Ryes

Nic et Léonie ! Merci !
Notre route se sépare aux portes de San Francisco où je prévois de passer une nuit dans l'hostel international, pour ensuite prendre un bateau pour Alcatraz. Finalement, les portes de l'hostel me seront fermées, "shut down" du gouvernement américain oblige. Pour ceux qui n'ont pas suivi, une bataille politique entre Démocrates et Républicains a abouti à un "Nan, je vote pas le budget, parce que t'es pas gentil, je te boude, na !". Résultat, deux semaines (environ) de blocage des institutions fédérales non vitales telles que les parc nationaux ou... les hostels tenus par le fédéral.


Bref, mes plans s'écroulent et après avoir trouvé un autre hostel en plein Chinatown (ce qui s'avéra finalement cool pour flâner dans les rues !), je reprends la route en prenant un bus pour sortir de l'agglomération.
Marina de San Francisco, en fond de Golden Bridge










Je pensais à ce moment-là que je ne reverrais pas San Francisco de si tôt... 

A la fin de cette journée, je  suis entre San Francisco et Santa Cruz, dans un spot vraiment pas cool pour l’auto-stop. Je me vois déjà galérer pendant 30 minutes au minimum... sinon finir par camper à proximité. Mais... mais cela ne fait pas 5 minutes que je suis planté à me morfondre et vlan, voilà que celle qui m’accompagne depuis lors, m’embarque !

Elle, elle s’appelle Crystal, masseuse et acupunctrice, travaillant à San Francisco et vivant dans la petite ville de Mill Valley, de l’autre côté du Golden Bridge, au pied du Mont Tamalpais.

Mais à l’heure où je fais sa rencontre, nous nous rendons tous les deux à Santa Cruz. Pour moi, l’idée était encore de me faire droper sur la plage et y passer la nuit comme les jours précédents, et elle, aller passer le week-end chez sa mère.
San Francisco style !
En route, nous croisons une ferme biologique de fraises, qui se la joue café, dégustation de pâtisseries à base des confitures maison, tout ça dans un pièce remplie d’antiquités qui donnent à cet endroit une atmosphère vraiment agréable (enfin pour moi...). Les photos nous font voyager des débuts de l’exploitation, au début du siècle dernier à aujourd’hui en passant par les années, qui semblent, d’or, durant les “sixties”.
Impossible pour Crystal de ne pas s’arrêter dans ce que je comprends être “son étape”. Goûtant à la spécialité, nos regards se posent sur la pile de jeux de sociétés aussi vieux que l’endroit, pour la plupart. “Tu connais Candyland ? ( = “Pays des bonbons”)
Et me voilà en train de jouer à un jeu de l’oie version US avec une inconnue rencontrée vingt minutes plus tôt... j’adore ce voyage ! Et en plus c’est moi ky gagne ! (Me permettant de découvrir qu’elle est aussi, sinon encore plus, mauvaise perdante que moi ! :P)

Candyland !!!!
Bref, après cette partie inattendue, c’est tout naturellement que je suis invité à partager le dîner avec elle et sa maman. Ah oui, je dois vous raconter cette anecdote rigolote ! Quand Crystal a décidé de me prendre en stop, tandis qu’elle faisait demi-tour, elle était au téléphone avec sa maman, je vous retranscris le dialogue qui s’est apparemment joué à ce moment-là :
  • Maman, je vais prendre un auto-stoppeur.
  • Non tu ne vas pas faire ça !
  • ‘Maaan, il a l’air super gentil !
  • Non Crystal ne fait pas ça !
  • Je t’aime, à plus, je te rappelle !
Le deuxième coup de téléphone, j’étais là pour rigoler à écouter la conversation :
  • Coucou c’est moi ! Dis, cela te dérange si on a un invité ce soir ?
  • Non, pas du tout, qui est-ce. Mélanie, Bakie ?
  • Beee...tu sais... l’auto-stoppeur que tu ne voulais pas que je prenne... :) Je t’aime tu sais !
Susan, la maman de Crystal,
 juste après notre rencontre. :)
Je dois dire que, sa mère, elle et moi rigolons encore du regard qu’elle me lança lorsque je fis mes premiers pas dans son appartement. Je crois que c’est la première fois que j’ai la sensation d’inspirer une terreur véritable. Je dois dire que cela a quelque chose de vraiment troublant.
Le premier salut est plus que tendu. Le premier, car après quelques minutes dans cette atmosphère vraiment particulière, j’ai l’idée de sortir la cuillère que j’avais sculptée dans les forêts de Redwoods en Californie du Nord. Lui offrant, je vois le soleil pénétrer à nouveau la pièce, rayonnant sur son visage tandis que son sourire, puis son “hug” (l’accolade américaine) décomplexé, me remplissent de joie. Ouf, la glace est brisée !

A ce stade, je suis encore le simple auto-stoppeur qui s’est arrêté pour la soirée, prendre un dinner et discuter un temps, avant d’aller poser mon camp sur la plage. Mais très vite, "l’amicalité" se crée, les verres de rhum se vident... et on finira par jouer aux vieux jeux de société que Crystal et sa maman n’ont pas sortis depuis des années !

Ouais... j’adore ce voyage !

Ah... la fin... comment cela se termine ? Et bien, finalement, après cette soirée, je suis tout de même sur cette plage... accompagné, délicieusement accompagné en vérité... :)



Quelques aperçus de mes deux mois.

Le Golden Bridge
En route pour le Mont Tamalpais !







La City
Halloween !
Depuis le sommet du Mont Tamalpais, au fond
San Francisco, au pied Mill Valley







Alcatraz depuis une des fameuses collines de la ville

Recette : feu de camp, cookie,
beurre de cacahuète, marshmallows grillés !




Sources d'eaux chaudes naturelles après 10 miles, ça le fait !
Pique-nique entre amis sous les Redwoods
Tout est relatif ! On vous l’a jamais dit ça ? Oh, j’en suis bien conscient, mais à chaque fois que j’expérimente cette relativité, je reste tout de même ébahi. Deux mois qui semblent être passés à toute vitesse, et qui, en même temps me donnent l’impression d'être des années tant les choses ont changé en si peu de temps, et de manière si profonde.

Il en faut peu pour être heureux :)
Et me voilà aujourd’hui avec un tout  nouveau plan de bataille. Oh, dans les grandes lignes, je vais toujours plus ou moins où c’était prévu : l’Amérique du Sud et très certainement, dans quelques mois, la Nouvelle-Zélande mais, dans les détails, tout a changé, ou plutôt, tout s'est précisé.
Car Crystal est maintenant de la partie ! Oui, le hasard n’existant toujours pas, il se trouve que mon arrivée coïncide avec son désir personnel de partir pour ces continents.
Comme une goutte d’eau qui fait déborder le vase, et l’eau qui met en branle toute la machine, les choses sont d'ores et déjà en marche.
Crystal, acupunctrice de métier, est membre de l’association Acupuncture without Border (Acupuncture sans frontière). Cette organisation mène deux projets en Equateur, où, comme par hasard, ils ont besoin de quelqu’un sur place pour les mener à bien.
Cette personne, c'est elle. De mon côté, je participerai à la partie logistique de l’opération. Même si tout reste encore un peu flou (nous attendons le retour de voyage de la personne en charge de ces projets), nous avons la certitude que nous allons y participer. Rendez-vous en mars, date à laquelle elle et moi nous retrouverons.

Car, entre temps, nous nous serons séparés. A vrai dire... dans moins d'une semaine.
En effet, avant de la rencontrer, j’avais planifié avec mes parents leur visite dans la région du Yucatan au Mexique. Région qui était sensée être plus ou moins sur ma route à cette date-là.

Le 16 décembre je commencerai donc mon voyage en pouce et bus (seulement au Mexique) pour rejoindre Cancun. Encore des milliers de km à avaler, mais avec l’excitation d’être dans un nouveau pays. Une nouvelle culture dont j’aperçois les influences en restant à San Francisco et qui m’attire toujours un peu plus à chaque nouvelle découverte.

Une nouvelle étape dans ce voyage, qui s'annonce bien plus long que prévu (même si cette possibilité m'avait déjà effleuré avant même de partir...), s'ouvrira ainsi avec le Mexique, et plus généralement l'Amérique Centrale et ensuite du Sud.
Le Mexique, je dois dire que j'y pense depuis un bout de temps. J'ai abordé ce pays principalement via les nombreux documentaires et lectures que j'ai pu regarder et lire a propos de tout son passé archéologique. Particulièrement passionné par cette période et lieu de l'histoire humaine, c'est avec une immense excitation que je vais enfin voir et expérimenter de mes propres yeux tout ce capital architectural et culturel !
Pouvoir le partager avec mon beau-père et ma mère a quelque chose de très spécial également.
Il y a 3 ans j'entreprenais avec la même équipe mon premier grand voyage, en Argentine. 1 mois et demi d'aventures qui m'aura donné l'eau à la bouche et qui, pour sûr, a contribué énormément à me mettre en confiance pour m'élancer dans un voyage tel que celui-là.
Ainsi, dans moins de deux semaines, c'est une sorte de remake, avec un Aurélien 2.0. Cela risque d'être intéressant !

Après ceci, mon aventure me mènera au Chiapas où j'ai d'ores et déjà des contacts sur place qui devraient me permettre d'intégrer le Centre d'Espagnol et de Langue Maya Rebelle Autonome Zapatiste. Le projet : y rester entre 1 mois et 1 mois et demi pour apprendre l'espagnol tout en aidant le mieux que je le peux la communauté qui m'accueillera.
Le système Zapatiste a attiré mon attention depuis le jour où j'ai commencé à réaliser combien notre système mondial était non durable, car bien trop corrompu et déréglé, dirigé par des valeurs qui ne peuvent que causer, au minimum souffrance, au pire anéantissement de l'humanité.
Et dans ce système oligarchique, les premiers à souffrir sont les minorités, les marginaux mais aussi les peuples premiers ou autochtones.

Or, dans ce Mexique complètement vérolé par ces grands lobbys internationaux, la cause "indigène" passe souvent à la trappe lorsque l'on parle de pétrole, de "ressources" forestières en Amazonie ou de toute autre chose avec quoi on pourrait faire de l'argent. Depuis, je dirais, une vingtaine d'années maintenant, les peuples autochtones ont commencé à se rebeller. D'abord individuellement, et puis, très vite, pour faire face à la puissance de leurs oppresseurs, collectivement, en se regroupant nationalement et même internationalement. Un bel exemple de combat, de résistance et de victoire est le cas des Kichwa de Sarayaku qui se sont battus contres les compagnies pétrolières Agip et CGC. Leur victoire permet de sauver, chaque jour, des hectares de forêt qui auraient été noyés sous les fuites de pétrole provenant des infrastructures non entretenues.

Et, bien sûr, un autre exemple de combat, est celui des Zapatistes. Résidant dans le sud du pays, dans l'état du Chiapas plus précisément, ces hommes et femmes, principalement autochtones (descendants directs de la civilisation maya), ont décidé de prendre les armes au début de l'année 1994 pour finalement faire entendre leurs droits. Je ne m'étendrai pas sur les divers événements qui ont ponctué l'histoire de ce mouvement, mais qui suffisent à eux seuls, à décrire le système de globalisation, en pleine expansion au Mexique. Pour ceux que cela intéresse, je vous recommande ce site www.espoirchiapas.blogspot.mx. C'est à travers cette association que je vais très certainement rejoindre la communauté, et leur site est l'un des plus clairs, concis et justes que j'ai pu découvrir autour des Zapatistes.

Toujours est-il qu'après diverses tentatives de négociations, les hommes et femmes du Chiapas se sont très vite rendus compte que le gouvernement n'avait aucune intention de négocier quoi que ce soit. La communauté s'est alors déclarée autonome et a commencé à créer un nouveau système économique, social, politique et militaire dans les zones qu'elle contrôlait. Réelle démocratie, contrôle politique et militaire, égalité et solidarité économique, soins gratuits, école "intelligente" qui vous ouvre l'esprit plutôt que de vous enfermer dans des dogmes... bref beaucoup de choses que j'aimerais un jour voir globalisées.

Le cas Zapatiste est particulièrement intéressant à découvrir car ils ont littéralement créé un nouveau système à partir de rien, envers et contre tous, avec presque rien du tout. Amateurs de David contre Goliath, vous êtes servis !
Ainsi, même si chaque environnement culturel et géographique va influer sur le caractère de la lutte et du système qui en naîtra, des "trucs et astuces" peuvent être appliqués à l'échelle mondiale... car quoi que certains disent, nous restons tous des êtres humains, avec les mêmes travers, les mêmes défauts... mais également les mêmes forces et qualités. :)

Je me rendrai donc dans cette communauté en tant qu'apprenant, volontaire. Humble, admiratif de ces êtres humains qui ont su se réunir pour mieux résister, réfléchir et construire quelque chose de nouveau. Y'a pas à dire... je suis impatient !

Après cette aventure excitante, direction l'Equateur donc, pour y rejoindre Crystal. Je ne sais pas encore trop comment je vais rejoindre le pays. J'aimerais beaucoup découvrir les autres pays d'Amérique Centrale et la Colombie mais je risque de manquer de temps. Tout va dépendre, en quelque sorte, du nombre de semaines que je passerai au Chiapas.
De plus, étant maintenant en Amérique du Sud, la question de la sécurité se fait encore bien plus présente. Tant que je reste dans les lieux touristiques tout devrait être OK, mais franchir la frontière entre la Colombie et l'Equateur est vraiment dangereux semble-t-il. Je ne sais pas encore si je vais tenter le coup... Il me reste la solution du bateau entre le Mexique et l'Equateur (ou peut-être depuis Panama)...

Bref, il me reste encore quelque détails à affiner, mais comme d'hab', je ne me fais pas trop de souci, les opportunités se présenteront en temps voulu. :)


De nous deux : à bientôt !

Je vous dis à très bientôt ! Et promis, je tente de faire cela plus rapidement la prochaine fois :)


mardi 8 octobre 2013

Fort Bragg : enfin !

La fine équipe !
Keira, Michael, un mec, Doug et Ireen
Ouais, parce que moi j'suis un gars comme ça, t'as vu : un jour je dis que je vais faire ça...et bam, je le fais pas wesh ! Parce que tu sais quoi, man, les plans, c'est fait pour être pas suivis ! Aiiie, ouais j'suis un 'tain de philosophe moi, man !

Pfff...n'empêche...here i am...la côte ouest des USA !

Pfiouuu, déjà plus d'un mois depuis mon dernier post ! Que le temps passe vite ! Vous savez, plusieurs fois j'ai cette impression d'être comme un bouchon à la mer, à la merci des courants de ce voyage. Je me suis rendu compte que, à la grande différence que lorsque j'étais en France, je m'évertue à répondre presque toujours "Oui" à n'importe quelle proposition. Autant vous dire que cela m'amène à voir, expérimenter et découvrir des choses auxquelles je n'avais jamais pensé. Et, ce délire d'être sur la côte ouest, en est un bel exemple !
Dans le cimetière d'Arlington, au fond,
le Lincolm Memorial

Mais revenons un peu en arrière !

Lors de mon dernier billet, j'étais encore à Chestertown. Et finalement j'y resterai 15 jours ! L'accueil avait été tellement formidable, le lieu magnifique que j'avais même eu l'idée, les premiers jours, de m'installer ici au minimum un mois, tenter de trouver un job et ainsi rester en compagnie de Doug, Iren et Michael, respectivement boulanger, serveuse et pâtissier de la boulangerie.
Ainsi, dans cette perspective de trouver un taff, direction le coiffeur ! Grosse étape que de perdre ma tignasse et ma barbe de randonneur. Impressionnant comme un aspect extérieur peut avoir de répercussions sur votre sentiment intérieur. Sachant que, de par mon aspect, j'étais perçu comme a-normal, je me devais de me comporter ainsi. Maintenant, entre les anciens T-shirts d'université de Doug, celui des pompiers de la caserne à proximité de Chestertown que j'ai visitée, je ressemble à un vrai Américain !

Quelques photos pendant le road trip nonstop
Maiiiis... vous commencez à me connaître, très vite, je me suis rendu compte que bien que cette rencontre était splendide, la bougeotte me faisait toujours trembler les jambes... et pas moyen de résister. Je décidai donc de partir. Mais avant, mes deux compères m'offrirent un après-midi à Washington (à seulement 1 h 30 de route). Le hasard a fait qu'un shooting avait eu lieu le matin même.... autant vous dire que les policiers étaient partout. Après avoir conduit à travers le National Mall, direction le cimetière d'Harlington.

Comment exprimer les émotions ressenties là ? Entre la colère et une tristesse profonde. Ce cimetière est réservé aux soldats (et parfois à leurs femmes) morts ou non au combat. Vous trouverez ainsi les tombes des soldats inconnus (soldats de la 1ère et 2e guerres mondiales, guerres de Corée et du Vietnam). C'est là que l'on observe cette ronde mécanique des gardes de la tombe où chaque geste est millimétré. Si vous aviez besoin d'une explication sur comment on en arrive à être fier de mourir pour sa patrie, ou encore de savoir si le lavage de cerveau existe... demandez à ces gens !
Du haut de la colline où se dresse l'ancienne maison du Général Lee (général des armées sudistes durant la guerre civile), l'emplacement du cimetière a été spécialement choisi à cette époque pour humilier le perdant par les corps des soldats de l'Union morts par sa faute, on observe le Pentagone. Drôle d'image encore une fois, où ceux qui sont morts reposent le regard sur les responsables de ces guerres absurdes menées depuis la création de cet Etat.
Et pour terminer, comme si cela ne suffisait pas, Kennedy, exposé comme en martyr fait face au Lincoln Memorial. Quand on sait pourquoi cet homme a été tué, la rage est difficile à contenir...

En bref, cette visite aura été forte en émotion pour nous trois, ce cimetière fait prendre conscience, nous permet de toucher la réalité de ce qu'est une guerre. Si seulement on pouvait y trouver une raison... mais non. Aucun argument ne justifie d'en arriver à ce résultat. Aucun !

Le lendemain, il sera l'heure de partir pour moi, les gorges se nouent et les yeux sont embués, au revoir les copains, on se reverra !

A ce moment-là, j'avais encore comme objectif de rejoindre New-Orleans. Je comptais arriver à Virginia Beach en une matinée après avoir franchi la Baie Chesapeake grâce aux tunnels-ponts construits dans sa largeur (impressionnant !)... Finalement, il me fallut deux jours pour couvrir les 250 miles ! Un peu merdique je dois l'avouer... m'enfin c'est une façon comme une autre de se remettre en jambes !

Las Vegas en vue !
Sortez les sacs à vomi !
Et puis vient cette rencontre. L'idée était de rejoindre l'Interstate 85 (grosses autoroutes qui traversent plusieurs états, parfois tout le pays). De là, je savais que les "rides" allaient être plus longues. L'endroit pour faire du pouce n'est pas parfait, pas beaucoup de place pour se garer, les gens roulent vite... mais v'là qu'une grosse voiture, tirant une Harley Davidson sur un trailer, s'arrête.

Au volant, un gros bonhomme, type mexicain, le sourire aux lèvres :
- Salut mec, tu vas où ?
- Dans le sud ! Et toi ?
- A Las Vegas, monte  ! 

Et nous voilà partis pour un road trip comme dans les films !

Vous reconnaissez un truc ?
Un petit portrait de mon chauffeur : Chris Bowman, 40 ans et des poussières. Né sur la côte ouest avec presque rien, s'est retrouvé à la rue, seul à partir de 16 ans et, de malheur en bonheur, est maintenant le détenteur de 5 tatooshops aux alentours de Virginia Beach. Ce qui fait de lui le patron de la plus grosse chaîne d'ateliers de tatouage aux USA. Autant vous dire qu'il a de l'argent... et qu'il aime ça.
Chris est un vrai businessman comme on dit, c'est naturellement qu'il sait faire tourner ses affaires. Et elles marchent fort bien !
Juste après Las Vegas, Death Valley, le coin le plus hot du monde.
Mais y'a pas une nana ! En fait, il y a simplement personne...
Néanmoins son histoire l'a rendu sensible à la pauvreté, et aujourd'hui dans une situation confortable, il se sent responsable de la communauté. Il se donne le devoir d'aider son prochain, et c'est, selon lui, et je veux bien le croire, plus de la moitié de ses revenus qui servent à aider, à droite et à gauche, ceux qui sont dans le besoin.
Il a une vision purement capitaliste, où l'Etat n'a pas de rôle social à jouer car c'est aux plus aisés de la communauté de le faire. Autant vous dire qu'on n'était pas toujours d'accord !
Et c'est cela qui rendra ce voyage de plus d'une semaine en sa compagnie si intéressant : loin d'être au diapason sur tous les sujets de fond que l'on abordait, nous faisions preuve tous les deux d'une ouverture d'esprit qui permettait le dialogue constructif. Et même si, la plupart du temps, nous ne changions pas d'avis sur nos certitudes, nous étions riches d'un nouveau point de vue.
Santa Cruz, son phare... et ses amoureux !
Ces discussions nous ont permis de remettre à jour certains des clichés que l'un et l'autre nous avions sur nos cultures respectives. Cet exercice est toujours amusant mais aussi stupéfiant, tant on peut parfois baser nos jugements sur des représentations de la réalité complètement erronées, biaisées.

Ainsi, les trois premiers jours ne seront consacrés qu'à la route : 12, 14, 16 h de conduite non stop ! Même pas mal !

San Francisco !
On aura entre temps fait un crochet dans un patelin paumé au milieu des montagnes appalachiennes pour aller visiter un copain, qui tient, lui aussi, un atelier de tatouage.
Ce milieu que je ne connais pas est particulier. Il jouit d’une aura mystérieuse due au tabou que notre société a placé sur lui. Chris me permettra de dénouer le vrai du faux. Pour résumer : « imagine-toi le fantasme le plus fou ou dégoûtant et dis-toi que d’autres ont fait bien pire », dixit Chris ! Et les quelques exemples qu’il m'a donné me suffirent !
Mike, Chris et Nancy, merci !
(Oui oui, ils sont dans un tronc de Redwood)
« Tout ce que le client demande, nous le faisons » voilà le credo de Chris. Néanmoins, oubliez les vieux clichés de tatooshop crasseux et peuplé d’énergumènes aussi bizarres que leurs tatouages. Avec lui, rien de tout cela, il a fait passer cette tradition de l’amateurisme au professionnel, avec toutes les réglementations d’hygiène respectées à la lettre. C’est Chris qui a d’ailleurs assisté l’Etat de Virginie pour la mise en place de celles-ci alors que les tatoos prenaient de l’ampleur.
Vous pouvez regarder la vidéo pour vous faire une idée du bonhomme et des lieux.

Vous en avez toujours rêvé ? Ils l'ont fait !
Et l'arbre est toujours vivant !
Traverser le continent si vite a quelque chose d'extraordinaire, les paysages changent rapidement et le désert pointe soudain le bout de son nez. On fera étape à Oklahoma City un peu plus tôt que d’habitude afin de trouver une table dans une chaîne de restaurants bien particulier. En effet, cette chaîne est la seule à diffuser les compétitions d’UFC (pour Ultimate Fighting Championship). Le bâtiment est immense, deux grandes salles bondées nous accueillent ; aux murs, des dizaines de télévisions LCD géantes rediffusent déjà les combats. Car c’est de cela dont il s’agit : des gladiateurs modernes. Une cage, deux bonshommes, 5 rounds. Pratiquement aucune règle, tous les styles de combats permis, on ne s’arrête pas parce que l’autre a le bras pété ou la face en sang.
Et pourtant Chris est plutôt
un "big guy", hihi
Non, le combat prend fin, soit avec la soumission de l’un des combattants, du KO ou à la fin des 5 rounds. Vivre cette expérience a fait remonter en moi les images que je me suis construit de ce que pouvait être l’ambiance d’une arène antique où les gladiateurs de Rome combattaient. Je me demande encore d’où vient chez l’homme ce désir de violence, cette joie de voir l’autre saigner. Car même si je reconnais que le sport, en tant que sport est impressionnant et ne peux qu’admirer les qualités techniques de ces sportifs, j’ai encore du mal à comprendre comment, à notre époque, l’homme peut encore apprécier voir autrui souffrir… et en redemander.
C'est inné, c'est appris, un peu des deux ? L’homme est-il naturellement violent ? C’est le genre de questions que cette expérience souleva.

Lake County !
Le lendemain, direction, Las Vegas ! On s’arrête pour jeter un coup d’œil au barrage géant Hoover (C’est le même que dans James Bond !!!) et nous arrivons finalement sur le Strip, la rue principale de la ville. En quelques mots : impressionnant, excessif, inutile, extravagant, coloré, argent, grand gâchis.
Bien sûr, on ne peut qu’être impressionné par ce que les hommes ont accompli ici. Construire de si grands machins en plein milieu d’un désert, y’a pas à dire, c’est le genre de preuve que l’homme est capable d’accomplir des prouesses quand il est vraiment motivé. Le truc… c’est qu’il s’est trompé de motivation ! Si à la place d’une avidité toujours plus grande, tout cet argent avait servi un objectif un peu plus altruiste, je suis un peu près sûr qu’il n’y aurait plus de famine dans le monde.
Depuis le sommet du volcan, Lake County toujours.
Vraiment, il faut le voir pour le croire, mais quand on sait que juste la route pavée de marbre de 500 m de long qui mène à une villa a coûté, à elle seule, 500 millions de dollars… osez imaginer ce qu’on aurait pu faire avec ça en Afrique, en Amérique du Sud ou bien juste même ici, aux USA. C’est ainsi, avec ce sentiment partagé que je découvre la ville en compagnie de Chris.
-   - Il faut que tu vois l’intérieur d’un casino, qu’il me dit.
-   - All right, let’s go to the Caesar Palace !


Première nuit avec Lydie, Climb beach !
Tous les casinos sont plus ou moins similaires. Les gens à l’intérieur aussi. Et ce qu’il y a dans leur tête aussi : je vais gagner plein d’argent ce soir ! Même si tous savent que la majorité va perdre la plupart du temps…
Et Chris ne fera pas exception, et une heure après notre entrée, 500 $ auront été claqués.. là comme  ça… pour rien ou presque.
-   - Les gens ont besoin de s’amuser, argumente-t-il.
-  - Certes, mais tu peux aussi t’amuser avec des bouts de papier plutôt que des vrais billets.
L’argent. Cela fait tourner la tête, et je suis bien heureux d’être épargné pour l’heure de cette maladie qui vous fait ressentir le besoin d’en avoir toujours plus… juste pour avoir plus. Déconnecter du monde réel et des souffrances de ceux qui n’ont rien…

Le lendemain, après une nuit que je préfère oublier (aider en cela par l’alcool consommé...) nous reprenons la route : ce soir nous serons sur la côte !
Nous rejoignons une partie de sa famille dans la ville de Santa Cruz qui s’est réunie dans une villa sur la côte au cœur de la ville. On y passera 2 nuits.
Je fais ainsi la rencontre de la « mère » de Chris. Entre guillemets car elle est celle qui l'a recueilli alors qu’il avait 17 ans, le soir de Thanksgiving, alors qu’il s’apprêtait à dormir, une nuit de plus, dans sa voiture.
C’est elle qui le remit sur pied, lui donnant l’amour, la sécurité et les encouragements que tout enfant devrait bénéficier durant l’aube de sa vie. Aujourd’hui, s’il en est là aujourd’hui, c’est énormément grâce à Nancy.
Lydie, un tableau trouvé et moi :p
Une belle leçon de vie donc, que cette hippie des premières heures nous donne. Cela donne le sourire, espoir et vous encourage à suivre cet exemple. Merci !
Après Santa Cruz, Chris, Nancy et moi reprenons seuls la route en direction cette fois-ci du comté de Clearlake, et plus particulièrement la ville de LakePort, la région où Chris a grandi.
Clearlake est le plus grand lac de Californie, des paysages contrastés entre le jaune cramé de l’herbe, les verts pâles des arbres et les couleurs orange, marron et parfois rouge des écorces de ces derniers. Les routes étroites et pleines de virages slaloment entre vignes et vergers. On trouvera aussi des poires, noix en tout genre, oranges. La vie est partout !
Un ami de Chris nous rejoindra tandis que je passerai en sa compagnie encore quelques jours dans sa contrée qu’il me fait découvrir avec plaisir. Rien de mieux pour découvrir une région que de la visiter aux côtés de ses habitants !

Le plus grand Redwood de Californie...
En sa compagnie, j’utilise parfois son téléphone pour mettre un petit mot sur Facebook, histoire de donner un signe de vie. Le hasard n’existant pas, lorsque quelque jours de cela, j’annonce être bientôt sur la côte ouest, une amie, Lydie, rencontrée dans l’auberge du Sea Shack en Gaspésie, il y a 4 mois de cela, me dit qu’elle aussi est dans le coin ! Impossible donc de ne pas s’attraper, histoire de se conter nos trips respectifs qui nous menèrent sur deux chemins complètement différents.
Je quitte donc finalement Chris, après 10 jours en sa compagnie. Il restera très certainement pendant longtemps ma plus longue ride ! A vol d’oiseau, c’est environ 4000 km, mais sûrement au moins un tiers de plus réellement. De France, en conduisant en direction de l’est, je serais, à l’heure actuelle au cœur de la Russie... ha ha ! De Chris, je retiendrai beaucoup de choses, et je sais que ma vision des choses s’est vue énormément changée.
Impossible de retranscrire en photo l'impression
que donne cette forêt
Ah... et un autre truc... c’est décidé, je vais me faire tatouer ! M’enfin cela veut dire que je vais devoir retourner sur la côte est ! Oui je sais, c’est un détour de 3000 km (si je suis à Dallas), m’enfin vous savez, à force de voyager, le monde devient tout petit. Alors 100 ou 3000 km, rien ne change vraiment !

Je quitte Clearlake en direction du comté d’Humboldt dans l’extrême nord de la Californie. Cette région a plusieurs spécialités. La première, c’est là que vit Bigfoot (on se demanda d’ailleurs, avec Chris, si vu la taille imposante de ce dernier, les habitants de la région ne le confondraient pas avec Gros Pied...). La deuxième, c’est ici que vous trouverez les plus gros et hauts arbres du monde : les Redwoods. Des forêts entières d’arbres géants où vous vous attendez à croiser un diplodocus à chaque détour de chemin.
Le train qui colonisa la côte Ouest, Fort Bragg
Ce côté très nature sauvage n’échappa pas aux premiers hippies des années 60 venus directement de San Francisco.  Ainsi,  cette région abrite les derniers résistants de ce mouvement... et avec eux la culture de marijuana... beaucoup de marijuana ! 60% de l’économie de la région est basée là-dessus ! Et j’y étais en pleine période de récolte ! Si dans mon village, les jeunes s’agglutinent pour récolter les pommes, ici, tout le monde cherche « un job » dans cette industrie. L’argent rentre vite à qui sait être rapide.
C’est dans cette ambiance, un monde bien particulier, que je vais retrouver
Certains trucs continuent de m'énerver...


Lydie dans la ville d’Eureka. Ma dernière ride m’offrira le gîte et le couvert le temps que mon amie me rejoigne. Merci à vous Will et Ben ! Finalement, après un jour à l’attendre en vain, la demoiselle pointe le bout de son nez le lendemain et nous prenons la route dans la foulée. L’objectif, trimbaler nos sacs le long de la côte, les poser dans quelques coins magnifiques et... et puis voilà ! Quelques jours fort sympathiques où nous partagerons nos expériences de voyages et de vie.

La côte de Fort Bragg
Lydie, c’est le genre de nana au background pas commun qui a la niaque et de l’amour plein le cœur. Elle vit maintenant depuis un an à Montréal dans une maison communautaire où d’autres systèmes de vie sont créés et mis en pratique. Education populaire alternative, recyclage, collecte des déchets pour se nourrir, distribution des surplus (et il y en a toujours !), la coop Sur Genereux (www.coopsurgenereux.org/) qui existe depuis 10 ans, est un bon exemple des innombrables projets alternatifs qui travaillent mondialement à la construction d’un monde meilleur. Bravo à eux et big-up !
Partager avec Lydie fut génial car comme nous n'avons, ni elle, ni moi, eu vraiment l’occasion durant ces derniers mois de vraiment discuter avec un voyageur « long terme ». Et quoi qu’on puisse en penser, se lancer dans ce genre d’aventure nécessite un état d’esprit particulier au départ, et qui est lui-même modifié au long du parcours. Comparer nos expériences, se rendre compte que, bien souvent, on rencontre les mêmes difficultés et joies est quelque chose de bienfaisant sinon de nécessaire... en tout cas pour moi !
Ces quelques jours auront donc été formidables pour cela. Mais vient le temps de la séparation où Lydie doit trouver « un job » pour se payer un billet de retour à Montréal.

Je continue ainsi ma route à nouveau en solitaire. Cela fait du bien, et je dois avouer que je commençais franchement à ressentir le besoin de voyager seul à nouveau. Après s’être quittés à Arcata, je fais du pouce en direction du sud de la Californie.
Drôles d'animaux à Fort Bragg...
Première étape, une centaine de miles plus bas, le parc de Redwood Forest, avec les plus gros arbres de la région. J’y passerai une nuit. Y croiserai une ourse noire et son bébé à moins de 50 m, sans que celle-ci me repère (heureusement) et pourtant le beurre de cacahuète était grand ouvert. Je reste encore rêveur en repensant à cette forêt aux dimensions simplement indescriptibles. Aucune photo ou même vidéo ne peuvent retransmettre ce que vous ressentez en marchant sous la canopée de ces mastodontes.

Je reprends la route, l’objectif est d’attraper la route 1, qui suit au plus près la côte ouest et qui s’en va jusqu’à la frontière mexicaine. La première étape est la petite ville de Fort Bragg, ville où Chris passait ses journées d’adolescent et qu’il me recommanda vivement. Pour la rejoindre, ma chance me sourit, je suis attrapé dès la sortie du parc par un couple de Néo-Zélandais en vacances qui allaient justement dans cette direction. Un ride unique et surtout l’occasion de découvrir la Nouvelle-Zélande à travers eux. Le truc, c’est qu’en temps que fan du Seigneur des anneaux, la Nouvelle-Zélande, c’est une destination obligée, au top de ma liste de prochains voyages. A vrai dire, j’ai longtemps hésité entre le Québec et ce pays. Et si depuis 6 mois j’ai réussi à l’oublier, cette piqûre de rappel m’oblige à prévoir... après l’Amérique du Sud..., un aller pour cette région ! Oui je sais... m’enfin, le monde est petit que je vous dis !

Me voilà donc à Fort Bragg, le sourire aux lèvres comme à mon habitude. J’apprécie la solitude d’une nuit à la belle étoile sur la plage et du sable plein les narines.
Prochaine étape ? Une douche ! Ouais... nan parce que là, c’est vraiment plus possible.

A bientôt !







vendredi 6 septembre 2013

Jour 68 - Chestertown, Delaware, US

Yeeep ! C'est à nouveau moi !

La dernière fois j'étais obligé de vous quitter à cause de la fermeture de la bibliothèque, écrivant que je ne reverrais plus Kevin, mon bienfaiteur du moment. Finalement, alors qu'il m'avait quitté il y a plus d'une heure de cela, je recroise son chemin juste en sortant du bâtiment.
- Cela te dit que je te sorte de la ville, cela sera plus pratique pour faire du pouce !

Comment refuser ?!

Mais après encore 30 minutes de route, il me dépose un peu plus loin que prévu, pile sur la bonne route... sans avoir pu s'empêcher de me payer encore un peu de nourriture, de  me communiquer sa joie de vivre et sa gentillesse naturelle. Mais cette fois-ci, nos chemins se séparaient pour de bon.

Comme je l'écrivais, mon prochain objectif étais la région de Lancaster, communément appelée "Dutch Country", terre d'asile de cette secte allemande, les Amish, venus trouver la sécurité et l'ouverture d'esprit du nouveau monde. Dutch à ne pas confondre avec les Hollandais que l'on nomme de la même façon en anglais n'est donc que la transcription de la prononciation anglaise du mot "Deutsch" ou Allemand... en allemand.

L'idée était de trouver une ferme amish qui voudrait bien m'accueillir pour quelques jours et ainsi me permettre de découvrir comment ils vivent.
Je n'atteindrais pas la Country le premier jour et après avoir couché à proximité d'un petit village, je reprends la route un jour après avoir quitté Kevin et Cape May.
Je craignais d'avoir devant moi un long périple, non pas en distance, mais vu le nombre de routes différentes que j'allais devoir emprunter cela m'obligerait à avancer par petites rides. J'ai presque honte d'avoir pu douter de la bonne étoile qui suit mon voyage depuis son début.

Première personne, un surfeur de Philadelphie qui rentre chez lui : 1 h 30 plus tard, il me dépose là où les choses devraient se compliquer. Je quitte les grosses autoroutes pour m’emmêler dans un labyrinthe de routes aux tailles diverses et variées. La suite va être longue... ou pas.
D'une, je n'ai pas dû attendre plus de 5 minutes pour trouver mon prochain conducteur, et de deux, il s'en va à Lancaster ! J'adore ce voyage !
Et le pire, c'est qu'il y a un trois ! Il a grandi dans cette région et la connait comme sa poche. Et comme je l'ai déjà dit souvent, nous voilà partis à travers les petites routes de cette région plutôt plate, où entre deux champs de soja ou de maïs, se détachent des fermes tous les 5 miles, à chaque fois, composées de plusieurs bâtiments, au minimum deux ou trois granges et souvent deux silos a grains, sans compter les corps d'habitation. Je verrai très vite que les granges aperçues au loin sont avant tout des séchoirs à tabac coupé durant ces 3 dernières semaines. Ainsi, je comprends très vite que l'économie des agriculteurs du coin repose essentiellement sur la culture du maïs, du soja et du tabac. Ajouter à cela quelques éleveurs de vaches à lait, un peu de citrouilles à droite à gauche, et vous avez globalement le fond du tableau.

Mon guide touristique personnel, non seulement heureux de me faire découvrir sa région, se donne la mission de m'aider à trouver la ferme que je recherche. Avant cela, impossible selon lui, de ne pas s'arrêter dans ce "dinner", sorte de juste milieu entre un fast-food et un restaurant. La rapidité et le choix du fast-food, avec la qualité d'un restaurant moyen. Tout pour plaire !
J'y dégusterai le "Phili-cheese steak", spécialité du coin bien à mon goût, et pas la peine de préciser que je n'aurai même pas la possibilité de vouloir payer ma note.
Cette grosse assiette engloutie (pour un affamé comme moi, les ENORMES portions américaines, qui sont juste la norme, me donnent à chaque fois le sourire !), nous nous rendons dans une première ferme amish.
Un homme à la longue barbe blanche, sans moustache, des cheveux mi-longs plaqués sur son crâne, une chemise blanche plongée dans un pantalon à salopette noire retroussée sur ses pieds nus nous accueille.
Il n'a pas besoin d'aide personnellement, mais nous conseille d'aller frapper à la porte d'un "English Farmer" (ou "agriculteur anglais", les Amish appellent tous ceux qui ne sont pas Amish des "anglais"), qui sera sûrement ouvert à quelqu'un comme moi. Il ajoute que nous sommes  dimanche, jour sacré pour ces catholiques ultra-pratiquants : cela était le pire jour pour aborder des Amish. Zut !

On ne perd pas espoir et après quelques ratés, nous finissons pas trouver cet agriculteur que tous les Amish croisés sur notre route semblaient connaître.
Dick et Kareen nous accueillent, et après quelques minutes à expliquer ma situation, me voilà embauché !
Mon bienfaiteur en voiture me quitte, après m'avoir consacré au minimum 2 h, entre les détours touristiques et l'aide dans ma recherche. J'adore ce voyage !

Dick est un agriculteur classique : tabac, maïs, soja, citrouille, avec toutes les machines modernes de notre époque. Rien de très "old style" comme j'espérais découvrir en venant ici. Au début, je suis un peu déçu, mais c'était mieux que rien. Je savais que je ne trouverais aucune porte amish ouverte ce jour-ci, et je nourrissais le doux espoir qu'en restant dans le coin quelque temps, j'aurais l'occasion de découvrir les Amish, au moins superficiellement... encore une fois, tout fût bien supérieur à ce que j'avais espéré !

Depuis mon "nid", dans la grange
Dick a cela de particulier qu'il est l'un des rares "English Farmer" à entretenir de proches relations avec ses voisins Amish. Leur rendant des services réguliers, prêtant ses machines, son pick-up par exemple. Il possède également un van qui sert à transporter les Amish ayant besoin d'une course. Son conducteur ? Un bonhomme qui débarqua un jour devant sa porte, un peu comme moi, cherchant un taff et un abri, pour quelques semaines, le temps de retrouver un travail... c'était il y a 3 ans maintenant. Mike, c'est son nom, habite toujours dans une petite partie de la grange de Dick et est devenu le taxi officiel pour tous les Amish du coin, et cela le tient occupé de tôt le matin jusque tard le soir. Trop vieux pour retrouver un travail dans cette Amérique au marché du travail impitoyable, Dick est un peu son sauveur. Pas étonnant donc, si ce dernier m'a ouvert ses portes, de sa grange en fait, naturellement.
Oui, sa grange, car les chambres de ses enfants, maintenant partis depuis longtemps, ressemblent aujourd'hui à la caverne d'Ali Baba et sont inhabitables. Je saisis donc l'occasion pour réaliser ce rêve, cliché de vagabond : dormir "sur la paille" !
A 3 m au-dessus du sol, j'aménage mon nid qui m'accueillera les trois prochains jours, au sommet de ces bottes de paille.

Au réveil le lendemain, le programme est déjà  bien fourni : au matin, nous allons accrocher les derniers plants de tabac coupés récemment dans la grange, et durant l'après-midi nous irons ramasser dix grosses caisses de citrouilles. Les premières de l'année !
Les feuilles de tabac, longues d'au moins 1 m, poussent autour d'un seul pied très dense et résistant d'une dizaine de diamètre, un peu moins peut-être. Il se coupe le plus bas possible, et on y pratique un trou tout en bas, par lequel on l'enfile sur une baguette de bois d'1,50 m. 8 plants de tabac sont ainsi accrochés sur ces bouts de bois, la tête en bas, et entreposés pendant la récolte sur de longues charrettes tirées par des tracteurs. C'est ainsi que je les découvre, à l'entrée de la grange. Le travail qui nous attend maintenant consiste à entreposer les plants de tabac toujours sur leurs baguettes, sur les trois étages de la grange. Ces dernières reposeront entres deux grandes poutres en bois, où les hommes jouent les équilibristes, recevant les baguettes du bonhomme en-dessous de lui, et ainsi de suite. A part les tracteurs, rien n'a changé depuis longtemps ! 
Tout ira bien plus vite que prévu lorsque nous verrons arriver, les uns après les autres, plusieurs personnes, dont un Amish, venu aider dans cette entreprise, que tout agriculteur sait longue et fatigante. Finalement, au lieu d'une matinée de travail, tout sera plié en 2 h, et le plaisir du travail accompli grâce à l'entraide traditionnelle, naturelle, de cette communauté de travailleurs de la terre fait plaisir à voir.

Il fait chaud en cette fin de matinée quand nous nous lançons au milieu du champ de citrouille. Souffrant d'un haut taux d'humidité, tout le monde sue a grosses gouttes. Le principe de cette récolte est assez simple. Un tracteur tire une charrette où nous avons disposé 5 grosses boîtes en carton reposant sur des palettes. Deux personnes se tiennent debout, ayant pour rôle de recevoir les citrouilles fraîchement cueillies par deux hommes respectueusement placés de chaque côté du tracteur, un gros sécateur dans la main. Une citrouille, ce n'est pas vraiment lourd, et elles passent de main en main après un petit envol de quelques mètres. Souvent, les "sécateurs" sont trop loin pour faire passer directement leurs récolte au chariot et c'est là qu'intervient votre conteur en courant auprès d'eux pour faire le relais et gagner du temps.
En short, nos jambes seront meurtries par les milliers de petites aiguilles que les plants de citrouilles portent sur eux, mais notre objectif est accompli !

Le jour suivant, on n'aura pas spécialement besoin de moi, Dick et son fils (celui qui se prépare à prendre la relève) étant occupé dans leurs tracteurs respectifs. Je m'occuperai alors du jardin avec Kareen.
Et enfin, le dernier jour, notre journée sera occupée par une récolte de maïs un peu particulière. Ayant récemment cassé leur moissonneuse-batteuse, ils possèdent maintenant un matériel qui, au lieu de récolter par le devant du tracteur, le fait sur le côté. Cela nécessite donc une certaine place. Le hic est que leur champ est accolé à celui des citrouilles. La solution : les Amish !
En effet, ces derniers utilisent une machine vieille de plus de 70 ans, tractée par un cheval, et qui s'enfonce entre les rangs de maïs. Dick utilisera le savoir-faire d'un de ces derniers ainsi que leur matériel pour ouvrir un passage dans le champ avant de finir le travail avec les machines habituelles.

Ceci est un parfait exemple de la nature des liens qui unissent Dick à cette communauté amish particulièrement présente dans cette petite région. 50% des fermes de la région sont amish, tout le tourisme y est consacré, et de nombreux ateliers de meubles dans le pure style amish finissent de compléter l'économie du secteur. Grâce à Dick et sa longue et cordiale expérience avec cette communauté, et les différentes rencontres que je ferai en sa compagnie durant ces trois jours, je crois avoir atteint un degré de compréhension que je désirais.
Forcément, comme je pouvais m'y attendre, tout est bien plus complexe qu'au premier abord.
Comme je l'écrivais plus haut, les Amish sont une secte catholique pour qui la religion est le centre de leur vie. Persécutés en Allemagne, ils sont venus se réfugier ici. Ils parlent, pour la plupart, allemand entre eux et nombre de leurs traditions se rapportent à une vie allemande.
Et si on peut dire, sans se tromper, que tous ont conservé cette tradition orale, la généralité s'arrête à peu près là. Car on ne peut pas parler d'Amish, mais des Amish.
Quand on pense à eux, on imagine tout de suite des bonshommes déguisés à la mode d'il y a 150 ans, vivant sans électricité, sans eau courante, se baladant en "buggys", ces charrettes couvertes (quoi que pas toutes), utilisant seulement de vieilles machines agricoles, bref, rejetant toute forme de modernité. Encore une fois, la réalité est plus complexe et, à vrai dire, le premier Amish que je vis conduisait effectivement sa charrette d'une main, mais tenait son portable de l'autre, écrivant un SMS.

On peut globalement schématiser trois branches au sein de cette communauté :
- les Amish traditionnels, où toute machinerie moderne est effectivement rejetée, très refermés sur leur communauté. Ils suivent les règles d'habillement à la lettre : chemise blanche, pantalon noir, chapeau de paille pour les hommes, robe monochrome et d'une pièce pour les femmes.
- des "entre-deux", où certains aspects de notre monde moderne ont réussi à trouver leur chemin. Les portables par exemple, ont été "autorisés" pour faciliter la vie de ces vendeurs ou agriculteurs. Mais, d'un autre côté, ils n'utiliseront pas de voitures à moteur. Ni, en général de tracteurs. Ou alors, ils utiliseront un tracteur, mais remplaceront les pneus par des roues uniquement métalliques et tracteront ces vieilles moissonneuses datant du début du siècle précédent. Leur habillement reflétera également cette ouverture, même s'ils en resteront au classique chemise / salopette / robe d'une pièce, de la couleur venant égayer le tout. Cela reste sobre, mais du bleu, du vert, du violet parsèment maintenant les champs.
- et enfin, vous croiserez des Amish complètement ouverts sur le monde, conduisant des voitures, par exemple. Quelques traditions restent présentes, comme le port de la barbe sans moustache à partir du moment où vous vous mariez (ce qui me vaudra d'ailleurs l'amusante question "es-tu marié ?" par l'un d'entre eux !)

Oui, en gros voilà ce que j'ai pu effleurer du regard, en trois jours, dans ce coin de pays.
Depuis ma paillasse (au premier sens du terme), alors que la nuit était déjà tombée, je m'endormais souvent avec ce cliquetis reposant des sabots des chevaux tractant des buggys. En fermant les yeux, il m'était très facile de remonter le temps.

Kareen, moi et Dick...et l'un de leurs chiens
Et puis vient le temps de repartir. Depuis deux jours déjà, je souffrais d'une légère fièvre, plus désagréable qu'incapacitante. Mais tant pis, je croisais les doigts pour que la route en pouce se passe sans trop de problème, car je ne me sentais pas très vaillant face à une journée de galère.
Après une photo souvenir avec mes hôtes, quelques dollars supplémentaires en poche, me revoilà sur la route. Apres 1 h d'attente, au pied d'une station essence je me décourage, et décide de prendre une pause dans le magasin de la station. J'en profite pour demander confirmation de ma direction.
Hmm, c'est bien ce que je craignais : je faisais du pouce dans le mauvais sens !
Même sans panneau, le dieu du pouce a fini par me le faire comprendre. Et, cette fois-ci, du bon côté, je n'eus pas à attendre plus de 5 minutes ! Il n'y a pas de hasard que je vous dis !

De ride en ride, je me fais récupérer par un vieux bourlingueur qui s'en revient juste de ses 24 jours de mer le long de la côte d'Alaska à bord d'un porte-container ravitaillant les villes isolées du coin. Il habite la prochaine ville sur mon trajet, à 30 minutes de là. Entre temps, nous aurons le temps de bien discuter. Ce passé qui le lie à mon présent l'incite à me filer un coup de main. N'ayant rien à faire  cet après-midi, il me conduira 1 h 30 plus tard, à la ville que j'avais repérée comme étape : Chestertown, Delaware.
(petite parenthèse : vous lirez et entendrez un Américain, lorsqu'il parle d'une ville, ajouter l'Etat dont elle dépend. Ceci est quasi obligatoire car on se rend compte que le même nom de ville est utilisé plusieurs fois dans différents Etats. Parfois même au sein d'un même Etat !)

Dans le port de Chestertown
Le Saltana, réplique parfaite d'un bateau du XVIIIe s
Je me trouve ainsi de plus en plus proche du cœur historique originel des Etats-Unis. Le Delaware, le Maryland, la Virginie (mon prochain Etat au sud), sont ces Etats où les "pères fondateurs" des Etats-Unis ont fait rouler les tambours et cracher les fusils pour arracher une indépendance sanglante aux Anglais. Chestertowm, alors encore en pleine guerre, reçut, par exemple, la visite de Washington. La ville est ravissante, elle respire l'ancien, ses bâtisses construites en bois dans le pure style victorien ou encore en briques dans un style plus anglais, rendent ses rues particulièrement agréables. Le port l'est tout autant. C'est là où je compte passer ma nuit avant de continuer ma route le lendemain. 
Art de rue : un discours fameux, 
une perruque, un balcon
Ouvert à tous !

Une espèce de grosse passerelle d'observation, sur pilotis, au bord de l'eau, abrité par un toit mais ouvert aux quatre vents, un peu à l'écart du port et ainsi de la population "nocturne", constituera un parfait abri pour la nuit, terrassé par la fièvre qui ne m'aura pas quitté de la journée (je n'aime pas prendre de médicaments, les réservant en général pour la dernière minute, avec l'idée que les utiliser trop fréquemment réduit leurs effets par habitude de l'organisme).

Les derniers rayons de lumière sont déjà loin, je suis plongé dans ma lecture du soir, quand un homme m'interpelle. Dans la pénombre, je m'attends à voir pointer le badge d'un policier, mais il n'en est rien. A la place, des cookies et une baguette... pour moi !
Il se nomme Michael, et travaille comme pâtissier à la boulangerie de la ville. Il était passé plus tôt dans la soirée, sans que nos regards se croisent, et avait décidé, sur le chemin de sa maison, de revenir, rien que pour moi, avec ses présents. J'adore ce voyage !

Michael qui m'explique comment cuisiner
 des croissants et pains au chocolat... un comble !
 
Etre témoin, mieux, vivre ce genre d'attentions, reste pour moi toujours quelque chose d'extraordinaire. Motivée par une sincère gentillesse bienveillante, une rencontre voit le jour, et tout devient rapidement naturel. Deux heures de discussions plus tard, mon programme pour la journée suivante est tout tracé : j'ai rendez-vous dans la boulangerie ou il travaille pour venir tester les croissants tout frais du matin et donner mon avis de Français. Pour que vous compreniez bien le tableau, une boulangerie aux USA, et même au Québec, est quelque chose de rare, de la quasi haute gastronomie. Une excentricité que les gens regardent d'un drôle d’œil avant d'être conquis par nos spécialités bien françaises !  

Autant dire que c'est avec un regard plein d’appréhension que Michael, pâtissier donc, et Doug, le boulanger, me regardent déguster leurs pains au chocolat et baguettes. Cela m'amuse et fait durer le suspens... jusqu'à leur confirmer le sourire aux lèvres, que tout ceci est digne des meilleures boulangeries de ma patrie, et que j'ai eu l'occasion d'en manger des bien pires !
French approved, comme ils disent ! Et en matière de croissants et de baguettes, cela a son importance !
Bien plus encore que de me réjouir à retrouver un de ces goûts de mon pays, Michael m'ouvre les portes de son appartement pour autant de jours qu'il me plaira. Je vais rester donc là au moins une nuit supplémentaire, un concert est organisé ce soir dans les locaux de la boulangerie (oui parce qu'ils font café aussi en même temps), autant en profiter !

Bref, comme d'habitude, je reçois et découvre toujours bien plus que je ne l'imagine au début. Rencontrant toujours de formidables bonshommes qui, bien avant d'être Canadiens, Québécois, Américains sont des êtres humains, aurai-je envie de dire, planétaires, qu'aucune frontière, préjugés et autres généralités débiles ne peuvent empêcher de se lier les uns aux autres.

Prochaine étape de ce voyage toujours aussi formidable, Williamsburg, Virginie. Village entièrement reconstitué et habité comme au XVIIIe siècle. Une parfaite façon, selon tous ceux avec qui j'ai pu discuter, de se faire une idée de ce qu'était la vie aux premières heures des Etats-Unis.

A bientôt, je reviendrai peut-être demain ici, histoire de rajouter des photos.
Portez vous bien !