mardi 27 août 2013

Des nouvelles de Cinderfella*

Aurélien demande à sa secrétaire particulière (en l’occurrence, moi sa maman) de déposer ces quelques mots sur son blog, n'ayant pas l'occasion pour l'instant de le faire, et afin de vous rassurer, vous tous qui attendez de ses nouvelles et suivez ses aventures !!!
Présentement, il se trouve à New-York (si, si !) Eh oui, c'est assez loin de l'Appalachian Trail, mais je ne vais pas tout dévoiler et surtout je lui laisse le plaisir de vous raconter en détail comment il est arrivé là !
Il a voulu voir à quoi ressemblait "la grosse pomme" mais New-York ne l'a pas fait changer d'avis sur les mégapoles. A cette heure, il doit déambuler dans le musée d'histoire naturelle qui l'a attiré jusque dans cette ville et, dès ce soir, il reprend la route. 
Vers quelle destination, demandez-vous ? Suspens, c'est lui qui vous l'expliquera très bientôt, dès qu'il aura posé ses doigts d'aventurier sur un clavier Qwerty américain, dans les prochains jours.
En attendant, son message est "je vais très très bien, je profite des rencontres géniales qui me permettent de rebondir à chaque fois vers de nouvelles directions".
* Nom qui lui a été donné par la communauté des "hikers" (randonneurs de l'Appalachian Trail) ; ça aussi il vous expliquera pourquoi et comment !

mardi 13 août 2013

Jour 45 - St André de Restigouche : 624 km

Salut à tous !

Depuis le haut de  l’échafaudage,
notre environnement, pas pire !
Oui, je sais, cela fait un bout de temps que je n'ai pas donné signe de vie... j'étais tellement occupé que je n'ai pas vu le temps passer.
Comme vous avez pu le lire dans le titre, je n'ai toujours pas bougé depuis la dernière fois ! Mes quelques jours de repos s'étant transformés progressivement en une semaine, puis deux, et pas loin de trois maintenant !

La raison ? Pierre et Denise. Leur accueil, leurs personnalités, leur façon de vivre, leur maison et tout ce qui l'entoure, les travaux que je veux aider à mener à terme, nos discussions passionnantes et passionnées, la cuisine de Denise... bref, bien assez de points pour avoir envie de vivre au maximum cette fabuleuse expérience en leur compagnie.

Tout a commencé donc par ce déjeuner dans le restaurant-dépanneur de St-André-de-Restigouche où je fis la rencontre de Pierre. Très vite tout fut très facile et il était entendu que, en échange de mes services de bricoleur (du dimanche) et autres petites choses, sa femme et lui m'offriraient gîte et couvert... En réalité, ils m'offrirent bien plus que cela, et je crois que la relation ne s'est pas arrêtée à ce contrat très factuel.

Le presbytère inhabité du village, l'église derrière
St-André-de-Restigouche, c'est 150 personnes, des fermes, un restaurant et puis voilà... Le bourg est étalé le long de la route principale, où quelques rangs s'enfoncent dans les bois pour rejoindre les exploitations agricoles (lait de vache principa-lement).
La vie dans cette campagne traditionnelle ressemble furieusement à celle que je connais par chez moi, les même soucis, les mêmes joies. Petit à petit le village qui comptait plus de 1000 habitants il y a une génération, se vide. Plusieurs villages, tel celui de Saint-Fidèle, ont carrément été "fermés", les maisons, les granges déconstruites ou brûlées, ne subsistant que le cimetière.
La population du village est vieillissante, les jeunes s'exilant là où le travail se trouve, revenant, rarement mais parfois, à l'âge de la retraite, acheter une maison d'été, histoire de fuir l'enfer urbain et de renouer avec les racines. Mais l'avenir du village ne fait pas l'ombre d'un doute, à partir du moment où le dépanneur-station service-restaurant fermera ses portes (il réussit aujourd'hui à fonctionner seulement grâce au bénévolat), le village se videra complètement.
Triste réalité quand on perçoit la beauté de ces lieux, où l'entraide est naturelle. Certains disent que c'est la vie, d'autres encore qu'on y reviendra... à suivre !

Pierre et la première truite !
Mais pour l'heure, hébergé par mes amis et bienfaiteurs, je goûte chaque jour, au bonheur de cette vie simple mais bien remplie. 
"Le môme" ou "le 'tit goinfre" qu'ils me surnomment. Denise a vite compris qu'une paie en nourriture, avec un affamé comme moi, coûtait cher... mais elle s'affaire à nous concocter, chaque jour, des plats dont on ne peut pas se servir qu'une fois, alors...
A chaque fois, une nouvelle découverte culinaire du coin ou du pays, lesquelles s'échangent contre les spécialités françaises que j'affectionne. Nous nous accordons tous les trois parfaitement pour ce qui est des ingrédients, et les phrases du genre "le gras, c'est la vie", "deux oignons c'est bon, quatre oignons, c'est mieux !" sont légions. "On se fait péter le bide !"

Denise, en pleine préparation des poissons
Pour ce qui est des travaux cela avance bien ! La grosse difficulté était de construire quelque chose de droit à partir d'une vieille bâtisse toute tordue par le temps. Insérer une poutre à l'intérieur pour pouvoir installer la porte de garage aura été le plus compliqué. Ensuite, j'ai arrachai tous les bardeaux (petites planchettes juxtaposées sur la façade pour la rendre étanche) pour que l'on installe une membrane étanche et enfin des planches verticales qu'il fallait à chaque fois mesurer, découper selon l'angle du toit (long et lent !). J'appris rapidement à mesurer en pouce et en pied ! Au final, on s'en est sorti pas trop mal, surtout moi, qui n'avais jamais accompli ce genre d'ouvrage. C'est avec plaisir que Pierre se donna comme mission de faire de moi un vrai menuisier, on décortique les outils, leur fonctionnement, les meilleures façons de les utiliser sans forcer et en sécurité, etc... Résultat : je me sentirais presque capable d'aller construire ma grange demain ! Au final, encore une fois, j'en arrive à la conclusion que rien n'est compliqué, il suffit de prendre le temps, de comprendre et de pratiquer... et le tour est joué ! Une compétence de plus !

La grange au début des travaux
Les portes sont coupées, au tour de la façade !
A côté de cela, quand les outils sont rangés, régulièrement direction le bois ! A une minute en pick-up, pour ramasser des framboises (10 litres en 4 heures, 30 pots de confitures !), des bleuets (comme des myrtilles en plus gros), se balader en quad pour aller visiter le terrain de chasse du groupe de Pierre, ou pêcher la truite de ruisseau est tellement facile qu'on ne se fait pas prier pour aller se relaxer dans cette nature si accueillante. Castors et orignaux nous accompagneront souvent. 

Mais, petit à petit est venu le temps où ma "bougeotte" comme je la nomme a refait surface et s'est remise à me titiller les jambes. L'heure du départ avait sonné. Oh, il ne sera pas immédiat, je compte bien aider Pierre à finir le prochain côté de la grange, ce qui devrait être fait en fin de semaine, mais la décision est prise. Toujours à la recherche de l'équilibre parfait dans mon état de bien-être, il est clair pour moi que la route m'appelle à nouveau.

On mesure, on découpe, on cloue,
 on mesure, on découpe...
Je vais donc quitter le Québec pour m'élancer finalement sur les 450 km qui me sépare du début du sentier aux USA avant la fin de semaine. Je ne sais plus si je sais faire ! Et puis le sac à dos a pris du poids... pourtant ce n'est pas lui qui mangeait comme quatre ! 3 pots de confitures de framboises, 1 kg de farine, 500 g de sucre, une petite poêle fine (j'ai décidé de me mettre au crêpes de voyage plutôt que d'acheter du pain brioché qui coûte un bras et prend de la place, pour un ratio énergie-poids -encombrement-prix nul à chier), 2 livres, de la bouffe pour une semaine et demi.... aie aie aie, le retour sur le sentier va être lourd, mais comme je le disais dans un autre message, si la motivation est là, le reste avancera !

Tout va pour le mieux dans ma tête donc et ce petit passage à vide n'était qu'une étape. Pour autant, ma façon d'aborder la suite du voyage a évolué. Je ne me vois pas continuer en hiver sur le sentier des Appalaches coûte que coûte. Je ne me vois plus du tout comme un marcheur, un athlète avec un objectif à accomplir, mais plutôt comme un vagabond à pied, qui utilise le sentier tel un fil rouge pour découvrir des coins de pays et les gens qui y habitent.
Ainsi, je suis sûr que, vraisemblablement à hauteur de New York, lorsque l'hiver sera sur moi je tendrai le pouce pour rejoindre cette Amérique du Sud qui me fait de plus en plus envie à mesure que j'en rêve.
Comme je l'écrivais avant même de partir, ma plus belle richesse est de m'être promis de ne pas m'accrocher telle une moule à son rocher, à un projet de voyage qui ne me correspondrait plus. Je suis content de pouvoir aujourd'hui appliquer cela réellement !

Ainsi, comme ils disent, "on the road again !"... bientôt... normalement. :)

A très vite, portez-vous bien !