dimanche 28 juillet 2013

Jour 30 - St André de Restigouche : 624 km (Zero week)

Salut à tous !

Et bien voilà, j'y suis, un mois, jour pour jour après mes premiers pas me voilà à la fin de ma première grosse étape. Je viens de traverser la Gaspésie en entier, pari tenu !

Oh, à vrai dire, la réelle fin est à Matapédia, quelques 15 km plus loin, et j'y serai si la providence, maintenant devenue presque habituelle dans mon voyage, ne m'avait retenue dans ce charmant village de quelques 180 âmes, perché sur les plateaux de la vallée de Matapédia. Bon, retenu est un grand mot... disons que je l'ai bien cherché ! Mais avant, laissez-moi vous raconter ces quelques derniers jours.

Ma dernière journée de repos se passa comme prévue. Après avoir posté mon message depuis Amqui, les indications de la bibliothécaire et le lift d'une cliente ayant participé à la discussion me dépose devant la "meilleure poutine de la ville" ! Merci à elles, c'était effectivement succulent, et surtout après ces quelques jours de rationnement !


"En souvenir d'une journée, où perdu sur le Sentier,
je finis par retrouver mon Chemin"
Je posai le sac dans le village de Saint-Vianney, où, de là, j'allais retrouver mes petites pancartes bleues et blanches le lendemain. Je laisserai dans le gîte le bois d'orignal trouvé lors de ma "perdition", comme une tentative de laisser le mauvais sort derrière moi.
La suite du sentier n'avait, et ce n'est rien de le dire, rien à voir avec ce que je venais de vivre pendant 10 jours : plat...plat, et un peu plat parfois. A emprunter quasiment que des chemins forestiers, et avec seulement quelques collines vite négociées. 

Mon quotidien
Autant dire que la transition est brutale. Pour autant, cela permet au corps de se reposer, et je ne m'en plains pas. De plus, une boule au ventre m'accompagnait depuis quelques jours. Comme une baisse de morale, de motivation. Rapidement, elle grossit, et sans de gros efforts qui occuperaient mon esprit, mes pensées divagues et gambergent à me rendre nostalgique...tanné...j 'en avais marre de marcher. Vraiment !

Marre d'être seul, en fait, principalement. Marre d'affronter seul les épreuves, marre de poser le camp seul, de manger ma tambouille peu réjouissante seul, marre de me réveiller seul avec une autre journée d'effort devant moi, seul.
L'idée que j'avais enfin trouvé ce que je cherchais en partant voyager et qu'il était temps d'arrêter l'aventure me traversa sérieusement plusieurs fois la tête.

Mais où sont le chapeau de paille et l'herbe dans la bouche ?

Malgré tout, quelque chose me retient. Quand je sondais mes tripes, le message n'était pas clair. Ce n'est qu'un cap me dis-je, une montagne de plus à gravir, mais qui s'avéra, je crois, encore plus difficile que les précédentes. Car, si j'ai compris quelque chose durant ce court périple, c'est que tout ou en tout cas le principal se joue dans la tête. Je n'ai jamais trouvé aussi dur de mettre un pied devant l'autre avec un sac de 13 kg, lors de l'ascension d'une petite colline sur un chemin parfaitement entretenu que l'ascension du Mont Albert avec 5 kg de plus et le triple de dénivelé à avaler. La seule différence est que dans l'une des solutions, la motivation et l'état d'esprit étaient là.

La vallée de Matapédia dans toute sa splendeur

Finalement, ce que j'analysais comme un cap à passer ne se révéla effectivement qu'une étape.
Pour trouver la volonté d'avancer : les livres. Je me plongeai à cœur perdu dans la lecture d’œuvres pas toujours folichonnes d'ailleurs, mais qu'importe, mon esprit se concentrait sur quelque chose d'autre que le malaise passager, jusqu'à reprendre la marche. Et ainsi de suite. Je fis même du pouce depuis Causapscal jusqu'à Amqui (encore) pour recharger en munitions. Un coup de fil à la maison plus tard, qui me permit de partager cet état d'esprit, et la motivation revint comme par magie, aussi naturellement qu'elle m'avait quittée.

C'est comme si cette "grande traversée" m'avait épuisée mentalement et qu'il me fallait du temps pour recharger les batteries. Mais, à la veille de me lancer sur 3 jours d'autonomie, composée de petites étapes (jamais plus de 20 km) jusqu'à Matapédia, celles-ci étaient à nouveau à bloc, et ni la grisaille ou la pluie, qui m'accompagnèrent la majorité du temps, ne viendront ébranler cette volonté retrouvée. Le chemin continue !

Le lac Matapédia, juste avant le gros orage
Dans les anecdotes rigolotes : un soir, sur les berges du lac Matapédia, je pose le camp dans la lisière du bois qui jouxte la plage de cailloux. De l'autre côté, je vois arriver de gros nuages qui déversent déjà leurs eaux sur la campagne. Vite, vite, je tend le tarp alors que les premières gouttes me tombent déjà sur le pif. Le tarp est tendu, convenablement ajusté avec le hamac, je me prélasse à l'abri... à lire un livre.
Et puis soudain, le vent, inexistant jusqu'alors se lève et arrache toutes mes accroches d'un même coup. Je me retrouve à la merci d'un véritable torrent de flotte qui pointe le bout de son nez en même temps. Autant dire qu'en 5 secondes, j'étais détrempé. Heureusement, mes affaires sont à  l'abri dans leurs sac étanches respectifs. Je lutte une coupe de minutes, tentant de rétablir le tarp : impossible, le vent est trop fort et contre moi. Pas le choix : à 5 minutes d'un camp de vacances pour jeunes, je rapatrie toutes mes affaires dans ce que je découvrirai, plus tard, être la salle de repos des moniteurs.

Trempé jusqu'au os, avec mon seul Kway sur moi, en sandales... je commence à avoir froid. Je vais quérir l'autorisation de m'abriter le temps que cet orage passe. L'aide que je demande m'est chaleureusement offerte, et bien plus encore ! Je dormirai au soir au chaud dans l'infirmerie du camp. Mes affaires seront passées à la sécheuse, et j'accompagnerai les moniteurs en fin de journée au magasin d'Amqui (again) pour un barbecue et une soirée arrosée ! Au final, encore une rencontre fortuite mais ô combien joyeuse !

C'est grâce à ce genre de rencontres que j'ai tenu jusqu'au retour de ma motivation.

C'est froid !
Elle revient donc, dans le village de Sainte-Marguerite, alors que je m’élançais joyeusement sous la pluie
pour une traversée de 3 jours le long de ruisseaux, niché dans leurs canyons respectifs. Les étapes étaient courtes, et des refuges m'attendaient à chaque fin de randonnée : tout confort ! Plusieurs fois l'on traverse à gué les rivières, vraiment pas chaudes, mais je ne compte plus le nombre de ponts magnifiques et fonctionnels que les bénévoles du SIA ont construist pour nous. Merci, encore !

Une surprise m'attendait dans le refuge "le Quartz", ancienne cabane de chasseur, faite de bois rond et rénovée par les bénévoles du SIA. Dans l'intérieur rustique qui fait vibrer plus que jamais mes représentation du "Canadian Dream", j'ouvre le livre d'or que l'on trouve habituellement dans les abris. Les marcheurs y laissent des commentaires, des remerciements, des indications, leurs humeurs et ressentis. Ceci est vraiment divertissant, c'est d'ailleurs souvent la première chose que je fais lorsque je pénètre dans ces endroits.

Le refuge "le Quartz", ancienne cabane de chasseur, rustique !

Celui-ci datait, quelques pages jaunies sont volantes, je les mets de côté, remontant d'année en année. 13, 12, 10, 2009 ! "Eh mais 2009, ce ne serait pas l'année de la traversée de Simon !?" Je me mets à chercher frénétiquement, à déchiffrer des écritures illisibles...rien. Déçu, je ferme le cahier... puis mon regard se pose sur les deux pages volantes que j'avais précédemment écartées. Tu étais là "Sim", précédé d'Adam qui avait continué plus loin, alors que toi, décidais de rester là pour "réparer" ta cheville souffrante. J'ai sauté littéralement de joie, une banane d'enfant pendue au visage. Simon, pour ceux qui n'ont pas suivi l'affaire, c'est l'auteur du blog unelonguemarche.ca. C'est à travers lui que j'ai découvert le sentier des Appalaches au Québec : il m'a donné nombre de conseils précieux durant ma préparation. Mais bien plus que cela en fait.


Le trail book en question !

Simon, tes aventures ont nourri mon rêve de voyage, puis ma préparation pendant des mois sinon presque deux ans. C'est à travers tes mots que j'imaginai ce qu'allait être peut-être ma réalité. J'ai littéralement vécu un SIA à travers toi. Les mots sont forts, mais c'est la sensation que j'en ai.

Ainsi, retrouver les traces de ton passage dans ce lieu dont je m'imaginais tant bien que mal les contours, il y a de cela plusieurs mois... pfff... c'est quelque chose sur lequel je n'arrive pas à mettre de mots dessus. Entre une joie totale, une brutale prise de conscience de ma réalité et du chemin parcouru pour en arriver là.
Bref, c'était fort en émotion ! :) Merci Simon !

Et puis vient l'heure de ressortir du canyon sur les hauteurs du plateau de Saint André de Restigouche  pour m'en aller, jusqu'à Matapédia et ce qui devait être ma dernière journée de marche (26 km) avant quelques jours de repos dans cette dernière.
Je me réveille beaucoup plus tôt que d'habitude, comme si mon esprit était impatient déjà d'être arrivé. En 2 h 30, j'avale les 11 km qui me séparaient du village. Là je trouve un dépanneur plutôt atypique puisqu'il servait également de restaurant. Trempé par la pluie, un déjeuner n'était pas de refus, le temps de se sécher... et puis il y avait du monde à l'intérieur...
Rapidement, comme à l'habitude, la discussion s'enclenche avec mes voisins de table. Et patati et patata... " et vous sauriez pas où je peux trouver des livres ?" "Viens avec moi, je vais t'en donner moi des livres !". Ha ha...j'adore ce voyage !
Pierre, la soixantaine, m'embarque dans son pick-up vers sa maison un peu à l'écart du "bourg". Acheté en 2005, cette veille ferme était à l'abandon depuis une coupe d'années. Il se met à la rénover comme neuve, elle, les granges et autres poulaillers environnants. Les photos avant-après qu'il me fait découvrir dans son salon son saisissantes : ce monsieur a des mains en or !

J'aurai droit à une visite de la propriété et des environs, l'histoire du village. Je m'imprègne des réalités de la vie d'ici. Je me trimbale encore mes vieilles chaussettes de Tadoussac (3 mois de trips !), un espèce de défi à la con : " je les mènerai jusqu'à Matapédia". Bon, leur état était vraiment pitoyable, les doigts de pieds étaient tous aux quatre vents, les talons aussi... autant dire que j'ai dû faire un peu pitié à mes hôtes... et pan deux paires de chaussettes en laine données de bon cœur ! Et puis vient les livres. Des condensés de livres en fait, genre 4 bouquins aux styles et thèmes variés en 5 à 600 pages au format proche du pocket. J'en pris trois parmi la quinzaine qui s'étalait devant moi... ce n'est que la perspective de devoir porter 2 kg de papier qui m'arrêta !
Puis nous prenons le café en compagnie de sa femme. "Et qu'est ce que tu fais dans le coin ?" " Ben, la je prévois de rester quelques jours dans le coin, chez quelqu'un en échange de mes bras... d'ailleurs vous ne connaîtriez personne d'intéressé ?" "Ben si, moi : à partir de mardi, mon fils repart aux USA et je pourrais t'héberger, y'a la porte de la grange à changer...".

J'adore ce voyage.

Ainsi, à 12 h 30, 5 h à peine après mon départ matinal, je rejoignais le gîte du village, en attendant mon bienfaiteur le lendemain. Au programme, fête au village ! C'est entre deux activités que je profite de croiser la gérante de la bibliothèque pour venir vous faire un petit coucou.

Quand j'étais au refuge du Quartz, au cœur du canyon, j'ai écris dans mon journal. " Je prévois de rester quelques jours à Matapédia. Je fais confiance à la providence, je n'aurai pas à chercher longtemps."

Je n'ai même pas eu le temps d'atteindre la ville !

Ainsi, je pense rester là une semaine maximum, et puis, ensuite, départ sur les routes du New Brunswick, adieu Québec. 270 km dans cette province, puis je franchirai la frontière des USA, pour encore 160 km jusqu'au Mont Katadhin, fin de la partie internationale du sentier qui rejoint, au pied de ce mont ,le Sentier des Appalaches. L'un des plus vieux et plus difficiles sentiers de l'Amérique du Nord. De là, il me restera 3500 km. J'y serai dans 1 mois.

A bientôt à tous !

vendredi 19 juillet 2013

Jour 22 (Zero day) - Amqui - 443 km

A que recoucou !

Ce coup-ci, je vais avoir un peu plus de temps pour vous narrer mes aventures au cœur du bois Gaspésien. Après une nuit au motel de Saint-René-de-Matane, je viens de faire du pouce jusqu'à la municipalité d'Amqui pour y trouver sa bibliothèque et ordinateurs bienfaiteurs.

Je prends donc une journée de repos ("zero day" comme ils disent aux US t'as vu aiiiie !) avant de m'en retourner quelques km plus haut, ce soir, au village de Saint-Vianney sur le sentier.

Par où commencer... peut-être par le début !

Sur les crêtes des Vallières !
Je quitte le Sea Shack en compagnie de Felix, le fada de montagne en direction  des fameuses Vallières, chaînes de monts de 800 m et des patates de haut, où, à la différence de nombre de montagnes du coin, on ne trouve pas de plateau au sommet. Ainsi, on se balade sur la ligne de crêtes de 2 m de large la plupart du temps, magnifique !

Au retour, il me dépose au gîte du Mont Albert, où de là j'attaquerai le lendemain mon ascension.


Le gîte du Mont Albert, en bas à droite, durant l'ascension
du Mont Albert (mi-chemin)
Je me mets en règle vis-à-vis des droits d'accès et de couchage pour "La grande traversée" (c'est comme cela qu'il l'appelle). Et très vite, j'apprends que tout le personnel du parc était à ma recherche depuis ma balade du Jacques Cartier (soit il y a 3 jours) ! Sur un malentendu, il semble qu'un des garde ait compris que je comptais traverser le parc sans payer... autant vous dire qu'on ne rigole pas avec ça !
Ainsi, les pages de mon blog ont été imprimées et distribuées avec ma face en gros, histoire d'être connu comme le loup blanc : et cela a bien marché ! A chaque fois que je rencontrais quelqu'un du parc, j'avais droit à "Ah c'est toi !"... Oups, désolé messieurs-dames de vous avoir causé autant de soucis pour rien. Car si en effet, j'avais pensé à un moment à traverser sans payer, j'ai considéré finalement que l'investissement en valait la peine, et ce même si cela trouait mon budget... tant pis pas de poutines pour deux semaines !

Sur le plateau du Mont Albert, direction l'ouest !
Mais au moins, on sait aussi que l'on est suivi à la trace et qu'en cas de souci, il y a du monde derrière ! Merci à vous donc, tout de même, pour l'encadrement et le travail formidable que vous faites, chaque jour, pour la préservation de ce magnifique endroit.

Ainsi, au matin du premier jour, c'est rempli d'énergie que j'attaque, avec entre 15 et 17 kg sur le dos, l'ascension, face nord, du Mont Albert. 800 m de dénivelé sur 3 km : ouch ! Mais on le fait, et on oublie la douleur rapidement (c'est d'ailleurs le même constat que je fais chaque soir et matin : à chaque journée sa peine, mais à chaque nuit, on oublie !).

J'y suis !
On débarque d'un coup sur le plateau désert du Mont Albert : époustouflant ! Ensuite, le sentier nous fait descendre dans la vallée, pour mieux remonter immédiatement dans les cailloux (on évite de franchir le plateau, protection faune-flore oblige). Et cela sera de même chaque jour : des montagnes russes... mais récompensé à chaque fois par des paysages hors du commun.

Mon arrivée au premier site de couchage, le camping du lac Cascapédia, se fera tard, ce qui me permettra de rencontrer mon premier orignal, et quelle rencontre ce fut !
Le fameux bébé aveugle.
Je tombe nez à nez sur un bébé de deux semaines, à 5 m de moi, en plein sur le sentier. Je m'asseois et l'observe calmement pendant 10 bonnes minutes : il ne bouge pas. Je décide de m'approcher et de continuer ma route. J'irai presque jusqu'à le toucher avant de me rendre compte qu'il était aveugle ! Ses yeux était d'un blanc nacré telle une cataracte, et c'est aussi à ce moment-là que je verrai sa mère, 10 m en contrebas qui observait la scène. Je me demande encore s'il y avait un risque de charge protectrice : je suppose que oui, mais toujours est-il qu'il ne se passa rien. En discutant avec le tenancier du camping j'apprendrai des détails sur ce petit, aveugle de naissance apparemment, il parlait de l'opérer peut-être s'il survivait encore. (Un bonjour au passage, je sais que tu me lis, dès que je le peux, je t'envoie ces photos !)

Le Mont Logan à 1h de marche !
Par la suite, ma balade me mènera jusqu'au Mont Logan, plus haut sommet (1170 m), du parc après Jacques Cartier. Mais avant d'y arriver, je devais marcher déjà 20 km. Je rencontre, en chemin, Pascale et Daniel (Simon, tu rencontras, avec ton ami, Daniel d'ailleurs dans le parc toi aussi !) et Michel et Louise, qui, entre leurs petits cadeaux calorifiques et surtout leur bonne humeur me transmettront une énergie qui me poussera à marcher 32 km dans la journée malgré des dénivelés de phacochères entartinés, et ce, surtout après le Mont Logan. C'est d'ailleurs lors de l'arrivée à ce dernier, que je fais la rencontre avec Mon caribou ! Mon premier et certainement unique du Québec ! À 100 m de moi d'abord sur le chemin, je me planque dans les fourrés. Il s'approchera pendant 10 minutes, pépère tranquillou, avant de me repérer tout penaud à 5 m de moi, et de s'en aller avec cette allure vraiment amusante du bonhomme frustré mais fier. A voir, dès que je peux, je vous mettrai vidéos et photos. 
La version au dessus !

Bref, toujours est-il, qu'après ces rencontres, humaines et fauniques, les Mont Fortin et Collins, malgré leurs difficultés ne me feront pas flancher et ce même si le sentier vous fait emprunter des passages vraiment pas faciles. La rencontre avec 5 orignaux, sur les coups de 20 h (l'heure où ils sortent, car aucun randonneur sain d'esprit continue de marcher à cette heure-là... normalement), finira de clore une journée bien remplie !

Le lendemain, avec la fin du Parc national de Gaspésie, une grosse étape est franchie pour moi, comme si, à partir de maintenant, dans la réserve faunique Matane, cela en était fini des grosses côtes : ha ha ha... ben non.
Bien au contraire, direct ensuite, on attaque avec la montée, ou devrais-je dire, escalade du Mont Nicol-Albert, où heureusement, des cordes ont été installées pour pouvoir y grimper : nan mais vous êtes malades les mecs du SIA !
Un caribou - "on est repéré mon capitaine"
Je mettrai 3 h pour marcher péniblement les 6 km, mais je l'ai fait ! Ensuite, c'était de la balade de santé me disait ma carte : on va pouvoir rattraper le "retard" et filer dare-dare à travers les fougères qui m'arrivent à mi-poitrine !
Et cela sera justement le problème... le Mont Bailey ne sera fait que de ça, et la signalisation insuffisante, accompagnée d'uen grosse présence de sentiers d'orignaux me fera perdre le sentier complètement, à 4 km d'arriver. "Boaa" - que je me dis " si je file tout droit je vais finir par retrouver mon lac"... tsss gros débile, tu sais que cela marche jamais ça, et que ce qui fait se perdre les gens, c'est justement l'incapacité de remettre en question le schéma mental établi... et bien, même en le sachant, en l'enseignant, en l'ayant déjà expérimenté plusieurs fois, fatigué et pressé d'arriver, je fis l'erreur tout de même.
Du sommet du Mont Logan.
On vient de d'là ! Au fond, au centre, le Mont Albert !

2 h à descendre la montagne dans des endroits impossibles, obligé parfois de lâcher le sac pour mieux désascalader, heureusement, je pourrais souvent suivre les sentiers d'orignaux (parfois mieux "entretenus" que le SIA lui-même ^^) jusqu'à la salvatrice rivière qui devrait, si je la remonte, me mener au lac. Sauf qu'une fois arrivé : je suis incapable de me situer précisément sur la carte, malgré la boussole. Il est déjà 19 h, et après une reconnaissance en amont et en aval (je trouverai un bois d'orignal dans la rivière à ce moment-là, je le trimballe sur mon dos depuis !), je décide de poser le camp, pour plus de sécurité et d'y réfléchir à tête reposée.

Les débuts de la réserve faunique de Matane,
sa grimpe, mais c'est beau !
A ce moment-là, j'avais conscience d'être perdu et dans une situation à risque ; toutes les petites loupiottes d'alerte étaient dans l'orange. On fait le bilan : quel est le risque principal ? J'ai de l'eau à proximité. J'ai de la bouffe pour plus de 10 jours en me rationnant. Je suis équipé pour du -5 degrés. En résumé, le plus grave serait une blessure handicapant ma motricité. Le classique CVMD (merci les stages de survie de David Manise). Conclusion : au lendemain, je prends plus de temps mais assure énormément mes appuis, m'aidant de mes bâtons, dans ma glissante progression sur les cailloux de la rivière... pendant plus de 3 h !

En effet, j'étais bien plus loin que prévu, mais au moins j'avais décidé d'aller dans la bonne direction... je ne suis pas encore une taupe en topographie- orientation. Mais c'est, non pas le lac visé, mais une route forestière qui me ramènera en sécurité en fin de matinée.

Ainsi, cette expérience en restera une bonne, car elle se finit bien, mais cela aurait vraiment pu se finir autrement. Le mec perdu est complètement con, même si plus fort physiquement qu'à l'habitude (en tous cas, au début), et ce grâce à l'effet chimpanzé. Ce fut d'ailleurs impressionnant, encore une fois, de ressentir comment toutes les douleurs de la journée (20 km de marche avec de grosses côtes) ont disparu instantanément au moment où j'ai pris conscience d'être dans la merde.
Juste avant de me perdre.
Persuadé d'être presque arrivé...maudites fougères !
Con comme un singe, il faut donc se méfier de tous ses comportements, et juger à deux fois toutes nos actions. En y repensant, même ainsi, je juge être passé dans des endroits vraiment pas safe, qui auraient mérité un détour...

Mais bon, le sang-froid donné par l'expérience d'une situation plus ou moins similaire, et l'apprentissage via stages et discussions sur la question ont permis d'assurer mes fesses, une fois de plus. Merci à tous, vous m'avez bien aidé dans cette affaire !

Je finirai la journée tout de même là où j'avais prévu au départ, après encore plus de 25 km + la distance parcourue dans la pataugeoire...

Cet événement cassa un peu mon rythme et mon mental et je mis du temps, la journée suivante, à me remettre dans le bain. Une averse matinale, détrempant toute la végétation (maudites fougères !) n'y aidant pas. Néanmoins, la réserve faunique se termina la journée d'après, et il était grand temps : plus de bouffe ! Ou en tout cas, plus de sucrerie : et le sucre, c'est la vie ! J'aurais pu étirer les rations, mais cela allait bien comme cela.
C'est en finissant avec 20 petits km et 5 orignaux que je dirai au revoir à cette réserve qui me réserva plus d'épreuves que je ne l'aurais imaginé ! 

La fin ! Je la vois !
A partir de maintenant, on réduit les distances, 20 km max, et on prend son temps ! On profite ! Je vais, jusqu'à Matapédia, dans 8 jours, jamais dépasser les 3 jours d'autonomie, donc, c'est la fête au village des papilles !

D'ailleurs, je vais vous laisser : un maxi hamburger + grosse poutine m'attendent quelque part ! J'en ai tant rêvé durant cette traversée qu'il est temps de réaliser mon rêve !

N'empêche, demain cela fera 3 mois que je suis au Québec ; dans 8 jours, 1 mois que je suis sur le sentier... une pointe de nostalgie me touche parfois. Vous me manquez tous, qui que vous soyez ! Les gens, les rencontres m'ont manqué face aux épreuves de cette traversée, j'ai hâte d'être aux USA pour croiser plus de monde !

Allez, j 'ai vraiment faim, portez-vous bien les copains ! :D

Des photos dès que je peux !

jeudi 18 juillet 2013

Jour 21 - St René de Matane - 443 km

Coucou les copains !

Toujours en vie ! Je viens de finir la traversée de la réserve faunique Matane et du Parc de la Gaspésie.

Éprouvant sous cette chaleur, mais des paysages de folie ! Orignaux, caribous en masse ! Mais au prix d'efforts sans communes mesures avec la précédente étape.

Une moyenne de 27 km par jour, j'ai carburé pour ne pas être limite en bouffe. Cela a bien fait quant même !

Pas plus le temps de vous en dire plus, peut-être plus tard.

A plus !

jeudi 11 juillet 2013

Jour 13 - 264 km (je suis une pierre) : Sea Shack (encore encore :P)

 (les photos sont en aucun rapport avec le contenu du billet, juste histoire de mettre un peu de couleurs :))

Durant l'ascension du mont Jacques Cartier, à mi-chemin.

Bon ok, je suis très faible : aucune volonté !

Mais que voulez-vous, c'est le pouvoir du Sea Shack. J'aurais même tendance à dire que ses gérants et festifs employés sont des sadiques qui s'appliquent, chaque jour un peu plus, à rendre votre départ toujours plus dur. Bande de saligauds !

Du coup, me voilà encore à l'auberge... bon, pour le dernier jour quand même ! Entre temps, petits travaux habituels de bénévoles pour payer l'hébergement et le bon temps, balades sur la plage, cannoyning improvisé, discussions, brossages, jacuzzi jusqu'à être tout ratatiné et autres joyeusetés. Bref du bonheur en masse !

Pas si pire comme panorama pour la pause de midi !
A vrai dire, Felix, l'un des aubergistes, est la raison (ou l'excuse valable que ma raison ait trouvé ^^) pour laquelle je suis resté plus longtemps. "Hé, tu connais les Vallières ? Les plus belles montagnes de la Gaspésie, dans la réserves fauniques des Chics Chocs, ton SIA n'y passe pas...non ? 
Oh putain mec faut que tu viennes avec moi jeudi !"

Oui je sais... m'enfin ça a l'air de valoir le coup ! :p
Néanmoins, j'avais initialement prévu de rester encore une coupe de jours ici, vu qu'un festival de show commence à partir d'aujourd'hui pour 3 jours, mais l'envie de reprendre ma vie de coureur des bois solitaire a repris le dessus, et je vais profiter que la route de retour des Vallières passe par le gite du Mont Albert pour m'y faire déposer et ainsi débuter ma grosse étape de 10 jours dès demain.


Il est content !
Du coup, plus de connexion avant très certainement Amqui, la ville porte qui symbolisera le début de la dernière partie du sentier en Gaspésie : la vallée de Matapédia. 
Là je retrouverai l'alternance de sentiers au fond des bois 1 ou 2 jours avant de retomber sur un village.


Ainsi soit-il, le Sea Shack restera une étape, une vraie planque (shack) où je trouvai une vraie bulle de sécurité reposante. De nombreux beaux souvenirs s'y raccrocheront à tout jamais, et il y a de fortes chances pour que cela ne soit pas le dernier jour que je passe dans ce fabuleux endroit. Merci à toute l'équipe, pour votre énergie, celle que vous faite flotter dans l'air, celle qui imprègne chaque parcelle du paradis que vous avez créer. Ce que vous accomplissez, c'est bon !

Ce que je retiendrai du Sea Shack, une phrase qui fut la phrase inscrite sur leurs Tshirt 2012 : "si cela te fait plaisir, fais-le !"

A très vite les copains !

Pour la suite, suivez les cairns !

mardi 9 juillet 2013

Jour 11 - 264 km : Sea Shack, journée de repos (ou pas)

Salut à tous !

Me voilà avec un peu plus de temps et peut-être quelques photos !

Mes premières fraises des bois québécoises !
A Mont-Saint-Pierre, j'écrivais que je voulais y passer ma première journée de repos. Finalement, en m'écoutant au matin, je n'avais envie que d'une chose : continuer !
Ainsi soit-il, je partis tout de même tard, sur les coups de 11 h, pour une journée de 23 km.

La balade se passe tranquillement bien, le long de la rivière qui trace la vallée qui me mènera aux montagnes de la Gaspésie. Ainsi, fini la côte, le SIA devient montagnard à partir de là, et c'est tant mieux, je ne demande que celà !


Au milieu de la côte, au fond Mont-Saint-Pierre
Après une grosse côte de 400 m de dénivelé qui nous fait quitter le lit de la rivière, on se retrouve sur le plateau surplombant la vallée et un point de vue splendide ! Mais, voulant m'alléger au maximum, je ne remplis pas la gourde de toute la montée, pensant trouver de l'eau au sommet...et ben non ! 10 km à sec, bouuu pas bien Aurélien, et en plein soleil en plus ! A ba c'est du propre !
Boa, ça passe, disons que c'est juste pas agréable.
L'arrivée au refuge et sa source bienfaitrice sera formidable ^^.

Pour accéder au départ du sentier, obligation de prendre
une navette sur 4 km : je suis monté dans un bus jaune ! :D
Le lendemain, j'avais prévu de descendre manger au camping Jacques Cartier, au pied du Mont Jacques Cartier (le plus haut du coin, 1270 m) et de le gravir dans l'après-midi en logeant dans son refuge du sommet. Rendu au camping et au centre d'accès (il faut payer pour accéder au Parc national et pour y dormir) : impossible d'y monter, "vous seriez trop tard au sommet et dérangerez les caribous..." et autant vous dire que l'on ne déconne pas avec les caribous ici !

Il s'agit de la dernière population au sud du Saint-Laurent, avec seulement 100 bêtes réparties en trois troupeaux sur une toute petite surface. Ils sont donc en voie de disparition.
Un peu déçu de "perdre" du temps, j'en profite pour lire, écrire, discuter avec le garde, bref me reposer tranquillement.

L'ascension commence !
Au lendemain, l'ascension commence à 10 h en une journée encore splendide ! 1 h plus tard BAM, dans ta face. Un panorama à 360 degrés : simplement splendide ! Et cela en sera de même pour toute la journée de randonnée qui me fera faire 24 km dans les montagnes, entre lacs de montagnes, petites forêts rabougries par le vent, plaques de neiges et pierriers. Autant vous dire que je pris tout mon temps pour profiter de la vue, et qu'il était difficile même d'avancer. Je ne verrai pas de caribou, juste des traces. J'ai, forcément, mitraillé de photos, donc, dès que je peux, je vous fais baver ! :p

Au sommet de Jacques Cartier
Avant même d'être descendu à la route, comme je vous le disais précédemment, c'est en rencontrant 3 gus déguisés en Chinois que je trouve mon lift pour l'auberge ! Bref, encore un joyeux hasard !

Ça pète !






Ainsi, me voilà au Sea Shack again, certainement, néanmoins, pour la dernière fois avant un moment. Je vais y passer encore une nuit, et partirai pour ma première journée de randonnée des 10 à 13 jours d'autonomie qui m'attendent. J'aborde cela avec confiance, je viens de faire les courses ce matin pour. Le sac va être lourd.. mais ce qui est bien avec la bouffe, c'est que plus t'en mange, moins c'est lourd ! Il s'agit juste de pas tout manger d'un coup pour cette même raison ^^.

La prochaine connexion sera très certainement depuis la ville d'Amqui au cœur de la Vallée de Matapédia.

A très vite donc, portez-vous bien de par chez vous, ici tout va bien !

Plus de photos bientôt !

Prochaines étapes, le Mont Albert : c'est par là !

lundi 8 juillet 2013

Jour 11 - 264 km : Sea Shack

Et oui, en direct du Sea Shack à nouveau !

Pas le temps de m'étendre ni de mettre des photos, demain.
Sachez juste que je vais superbement bien après une première journée dans le Pac National de la Gaspésie ensoleillée et avec des points de vue splendides !
Comme d'hab, c'est en rencontrant trois guss déguisés en Chinois, dans les montagnes que je pognai mon lift pour l'auberge. J'adore ce voyage !

A très vite !

vendredi 5 juillet 2013

Des photos en "masse" !

Des photos des photos des photos !

Allez voilà, gourmands ! :p


StormX sur ComBoost



StormX sur ComBoost



StormX sur ComBoost



StormX sur ComBoost


A très vite !

Jour 8 - 230 km : Mont Saint Pierre

Salut les copains !


Sur la plage, entre Petite et Grande Vallée
Depuis Petite Vallée, il ne s'est pas passé grand chose. M'enfin, j'eus droit à de belles rencontres !
La première, sur la plage entre Petite et Grande Vallée, avec Claude André, à qui je demandais une estimation de mon temps d'arrivée, qui se révéla être en fin de compte, journaliste au journal Metro de Montréal... j'eus droit à une session interview improvisée via Iphone  ! Qui sait, j'en aurai peut-être des nouvelles un de ces jours !
Passer dans la presse au sujet de cette aventure ne me pose pas vraiment de problème, même si, c'est sûr que de causer de tout ça publiquement me mettrait un peu plus la pression qu'actuel-lement. On verra ce que cela donne, mais peut être plus tard, quand je me sentirai avec un peu plus de légitimité à dire "Je marche sur le SIA", j'envisa-gerai cette possibilité plus sérieusement. Mine de rien, j'ai comme une dette envers le magasine Carnets d'Aventures, ou je trouvai l'idée de ce voyage.

Le seul point de vue depuis la route : Grande Vallée
Passé Claude, et les 8 km de plage de cailloux, j'eus droit a 10 km de route, en plein soleil, par 30 degrés... pas très plaisant, d'autant que la route n'offrait aucun beau point de vue. Avant de m'élancer, juste en sortant de Grande Vallée, j'eus droit à ces petites attentions de l'inconnu : quémandant de l'eau, je me retrouve avec ma gourde remplie de glaçons. Autant vous dire que j'ai béni plus tard ce geste, alors que j'étais sur l'asphalte !



Après ces kilomètres de route, on embarque enfin dans le bois, où l'on slalome entre des lacs... d'ailleurs, le dernier, le "lac a Cyrille" (il n'était pas là...) reçut en offrande mon corps nu et crasseux ! Il faisait tellement bon à être là que j'y restai une bonne partie de l'après-midi, avant de redescendre ensuite sur le petit village de Manche d'Épée.



C'est par hasard que je tombai sur le petit gîte du SIA, en bord de rivière, mais pas du tout indiqué. Il se trouvait juste derrière la grange, sur le terrain vraisemblablement, de la maison d'en face de la route. Il se faisait tard, et l'heure était de se poser... Ce qui est bien avec les gîtes, c'est qu'ils sont étanches aux moustiques... mais pas celui là ! Bientôt, l'endroit fut complètement envahi, si bien que j'installai mon hamac moustiquaire à l'intérieur !


Le lendemain, alors que je finissais de rendre l'endroit propre, Sylvain, le propriétaire du terrain pointa sa joie de vivre à la porte ! Une heure de discussion plu tard, deux cafés, 4 toasts beurre confiture de framboises maison plus tard, je repartais sur le chemin pour 8 km de grosses côtes, mais avec l'assurance de le retrouver pour le lunch a Gros Morne.
Sur le chemin, je tombe sur mes première fraises des bois ! Quel régal ! Mais j'attends avec encore plus d'impatience l'arrivée des framboises !
Arrivé à Gros Morne, je retrouve comme prévu mon "trail angel".
- Tu veux une bière ?
- Ba ouais !
- Tu veux un lift pour t'éviter les 8 km de routes qui viennent ?
- Ba ouais !
- Tu veux un lift de 7 km de plus avec un sandwich au homard à la clé ?
- Oh ouais !


Donc ça s'est terminé comme cela... j'ai un peu triché. Mais sachant qu'on ne triche qu'en fonction des règles que je ne m'étais jamais mis comme règle de "marcher" tout du long, mais plutôt simplement de "faire le sentier" et de vivre "Mon SIA"... techniquement...je suis toujours correct ! :D

Sérieusement, j'ai préféré privilégier une rencontre qui faisait du bien aux deux, plutôt qu'encore 4 h de route et chemin forestier ennuyeux. Ainsi, amis randonneurs, si vous passez dans le coin, allez toquer à la porte de ce brave monsieur, vous ferez deux heureux !

Grâce a cette longue pause, rafraîchissante pour le moral, j'attaquais en début d'aprem le Mont Saint-Pierre... Ouééé pitain que ça a grimpé sa mère ! Rien que d'y penser, les gouttes m'en tombent encore ! Mais la vue, arrivé à son sommet : woaah ! En plus, une aire de décollage de deltaplane ayant été aménagée, cela dégage tout le panorama : splendide !

Et ainsi me voilà, au motel de la ville du même nom, m'offrant ma première journée off, demain, avant les 4 jours jusqu'au gite du Mont Albert.


Physiquement, tout tient la route, le moral aussi. Le temps est toujours radieux et chaud : on profite !





La suite, c'est par là !

mardi 2 juillet 2013

Jour 5 - 144 km : Petite Vallée

Salut à tous !


Le phare de Cap Gaspé
J'écris depuis l'auberge de Petite Vallée où son festival de musique bat son plein. Après une bonne douche et une lessive, je m'apprête à dormir sur la plage, à la belle étoile, la maison étant complète.

Que dire, déjà 5 jours que je me balade, 5 jours et 144 km de montées et de descentes, de mer et de monts, de moustiques, d'averses, de soleil, de vues splendides, de joies, de doutes, de sueur, mais surtout de bonheur !
Après une grosse côte... ^^


Ça y est, j'y suis vraiment ! Je commence à me trouver chez moi sur le sentier, les habitudes se créent et renforcent ma bulle de sécurité. Cela n'était pas le cas le premier soir où, après une journée magnifique et ensoleillée dans le parc du Forillon, je fus pris à nouveau de ce sentiment complexe de mélancolie, de doutes... J'ai enfin compris maintenant d'où ceci vient : la perte de mes repères. J'avais connu ça plus longtemps en arrivant en avril, à nouveau quand je quitte Montréal et Sarah, et encore une fois maintenant. Mais à chaque fois, cela s'en allait, le temps de retrouver de nouvelles habitudes sécurisantes. Ainsi, maintenant que j'ai pris mes marques, je commence à vraiment apprécier la marche.

Cette journée, par exemple, est le genre de que j'aimerais avoir tout le temps. Placée sous le signe de la décontracte puisque je n'avais que 22 km à faire, le mot d'ordre était : on prend le temps ! Mais, alors que je rythmais mes pas au son de ma guimbarde, je me rendis compte à peine 2 km après le départ que j'avais sûrement raté le sentier... s'en suit un détour d'au moins 2 km où je ne trouve décidément pas ce maudit chemin... pfiouu allez, machine arrière ! J'en viens à espérer l'arrivée providentielle d'un mec en quad pour me ramener au départ... aussitôt pensé, aussitôt là ! J'ai à peine le temps de dire bonjour que je suis déjà à califourchon sur la machine, cherchant mon sentier avec mon sauveur. On ne le trouvera jamais ! Pas grave, il me déposera à l'embranchement du chemin forestier sur lequel nous étions et, de là, je retrouverai mon sentier plus loin : cool !
 

Arrivés en haut d'une longue et grosse côte (bien content de l'avoir évité), après 15 minutes de route,  je dis au revoir... Fuck il me manque un bâton ! Je me disais bien que j'avais entendu un truc... genre... tout en bas de la côte...
Roaaa, allégé de mon barda (c'était dja ça !)  je m'élance en courant... histoire de 30 minutes aller-retour me seront nécessaires pour remettre la main sur ce satané stick... Ok je retiens, avec le SIA on ne triche pas !
Le reste de la journée s'égrènera tranquillement entre suées et moustiques + une ptite baignade dans un lac histoire de bien finir.





La cerise sur la gâteau sera, sur la plage, juste avant d'arrivée en ville, de trouver une bouteille à la mer, avec un message dedans ! Lancée en juin dernier, Pierre vit dans patelin que je vais croiser sur ma route dans quelques jours, je vais donc aller lui rapporter ! Et qui sait, peut-être que nous la relancerons, à deux, et avec deux messages dedans  ! J'adore ce voyage !



 
Vous avez peut-être lu ce que nous appelons les Trails Angels (anges du sentier) sur le SIA. Ces gens qui vous offrent quelque chose sans que l'on ne demande rien, qui vous filent un coup de pouce quand vous êtes dans le besoin. Eh bien je fis la rencontre avec l'un deux à la veille de commencer la marche. Je faisais du pouce pour rentrer dans le Parc du Forillon quand il me prit... pour me mener le plus loin possible dans le parc (il négocia pour ne rien payer), se tapant un détour de plus de 30 minutes. Il nous arrêta en route (après déjà une bière offerte), sur le port du parc où des pêcheurs aux maquereaux faisaient leurs offices : encore une fois, il me négocia deux filets de maquereaux fraîchement pêchés pour rien du tout ! Et zou, une bière de plus pour fêter ça !
Au final, ce vieux cliché que je voulais réaliser durant mon trip en côte Nord (le dernier de la liste) - celui de faire griller ses poissons au feu de bois - se réalisera à la veille de mon nouveau voyage ! Encore un signe que j'interprète, comme une page qui se tourne : tout a été fait, next !

Mais si là, tout est beau qui finit bien, la troisième journée n'a pas été la même ! 32 km en... 12 h ! Avec une grosse averse en plein milieu de la journée, du marécage tout le long (avec forcément, non pas des moustiques, mais des nuages de moustiques !), un sentier pas du tout entretenu, me forçant à contourner, enjamber, ramper, complètement envahi par la nouvelle végétation (à n'en plus voir ses pieds)... forcément on n'avance pas vite et on gaspille un max d'énergie !


 
A pis j'oubliais... le coup des derniers 4 km sur la plage de cailloux qui vous roulent sous les pieds avec les algues fraîches qui vous font glisser à la moindre tentative d'y mettre le pied dessus (pas trop le choix en fait...), c'était toute une épreuve ! Bien plus mentale que physique d'ailleurs !

 

Bref, à côté de cela, je m'éclate donc. Le physique tient le coup, les pieds aussi (à vrai dire la seule blessure que j'ai encore, je me la suis faite à Montréal ^^). Le mental aussi, forcément, je me vois difficilement arrêter prochainement !

La connexion internet d'ici ne me permet pas de mettre photos et vidéos que j'ai pour vous, donc une prochaine fois !

J'aurai sûrement internet assez vite, vu que je vais croiser pas mal de villages dans les jours prochains. Donc à très vite !