vendredi 24 mai 2013

Mais tu fais comment pour faire caca !?

Et là, c'est rangé !
Un titre accrocheur (m'enfin ça dépend de ce que vous avez mangé avant :D), juste pour vous introduire dans les tréfonds de la vie quotidienne et pratique de ma petite voyageuse personne.

Lorsque je parlais de mon voyage avant de partir, autant la phase sur le pouce que la partie sur le Sentier des Appalaches suscitaient les mêmes sursauts surpris : "mais comment tu vas faire pour boire et manger !? Dormir !?  Faire caca et ta toilette !? "

On y pense rarement, le "confort" de notre société (physique, mais pas forcément psychologique... c'est un autre débat !) nous l'ayant fait oublier, mais lors d'un voyage, nos besoins fondamentaux oubliés redeviennent... fonda-mentaux, dés que l'on quitte ce cocon à œillets aseptisé.

Ainsi, très vite, manger devient quelque chose de prioritaire dans les objectifs de la journée. Manger à sa faim, mais en plus quelque chose de bon... genre la semoule aux bouillons de soupe, on se garde ça pour les période de rush et uniquement ça !

Le Québec sur le pouce est en ça très agréable que, dans n'importe quelle ville, qu'importe sa taille, parfois même au milieu de nulle part, vous trouverez ce qu'ils appellent un "dépanneur". Très souvent, il s'agit d'une station service-épicerie où vous trouverez tout le nécessaire à de bon petits plats. Évidemment néanmoins, les prix seront toujours plus élevés que dans des magasins de grande distribution style Metro, Walmart ou encore IGA. De même, plus vous serez éloignés des grands centres urbains, plus, même les pâtes les plus basiques seront un investissement à amortir sur du long terme ! Pour exemple, j'ai eu l'occasion de comparer des prix un tiers plus cher au sein du dépanneur de la communauté de Pointe Parent, à côté de Natashquan, par rapport aux magasins de Sept Îles  (dernière grosse ville de la Côte Nord).
Grillé, au poil !
Pour l'heure donc, je n'ai jamais eu de difficulté à me nourrir, correctement et avec diversité. Sans parler que, dormant souvent chez l'habitant, j'y suis gâté de façon obligatoire des mets les plus variés et souvent chers de la région (homards, crabes, etc). 

Lorsque je serai sur le sentier, la situation sera différente, en particulier lors de la traversée très prochaine de la Gaspésie, où j'aurai 20 jours sans village. Néanmoins, pouvant faire le tour rapidement de la région, je vais aller déposer des colis de bouffe dans les centres touristiques que je vais croiser, cela sera toujours ça de gagner ! Mais je m'attends à voir la bouffe devenir une, si ce n'est LA priorité durant la randonnée, ne pouvant pas décemment porter autant que je voudrais.

Pour ce qui est de la boisson, au pays de l'eau et de la bière, en manquer serait un comble ! Néanmoins, l'eau des sources étant potentiellement polluée par l'activité humaine, et à minima par la faune locale, j'utilise un filtre à gravité ou bien, si l'eau est claire, uniquement des pastilles purificatrices. Rien de bien compliqué, pour un minimum de risque ! Pour ceux qui ne s'habituent pas au goût, genre javel, que donne les pastilles, quelques aiguilles d'épinettes et vous aromatiserez rapidement votre eau d'un goût naturel !

Un siège à chier,  bien chié, c'est pas d'la merde et ça fait bien chier !
Et quand tu as à évacuer tout çà !?
A vrai dire, faire KK dans la nature, est bien plus rigolo qu'il n'en a l'air. Passé votre première fois, et vous ne pourrez plus vous passer de la sensation des feuilles caressant votre peau de fesse devenue si lisse et fine avec le temps, ou bien la branche vous titillant l'arrière train au grès des bourrasques et de la pluie.
Bon, bien sûr, il arrive parfois que le largage se passe mal, un problème d'orientation du pilote très souvent... dans ces moments-là...ça fait chier ! :D
D'ailleurs, le siège à chier, construit au chalet, est le fruit d'une expérience amusante de ce genre... :P

Et la toilette alors !?
Ok, à vrai dire, je suis un gros crade déjà à l'habitude (ou disons que je préserve la planète en économisant la douche :P), mais là, le voyage me donne une réelle bonne excuse pour ne pas me doucher régulièrement ! :D
Sinon, en fonction du luxe, cela peut aller de la simple toilette de chat avec un peu de savon style Marseille et de l'eau de la rivière glacée, à utiliser de l'eau chaude d'une tisane de sapin-épinette (super bon pour laver les fringues également !)  ou bien à utiliser les douches brûlantes de mes chaleureux hôtes ! Mais vraiment, à part les endroits critiques (l'entrejambe, en particulier, les pieds et tous les plis) la toilette devient plus un détail qu'une priorité. Tout s'inverse !

Pour dormir, vous avez pu le voir sur mes photos, la bâche avec le combo couverture de survie + tapis de sol, fait son affaire malgré pluie, vents et marées !

Et voilà, rien de bien compliqué en soi, au final, comme TOUT : " tout est dans la tête !" 
Une fois vos quelques barrières psychologiques défoncées, vous  êtes capable de TOUT, le sourire au lèvres !

A bientôt !

jeudi 23 mai 2013

En Gaspésie !

Gaspésie en vue !
Salut !

Il me faudrait prendre encore du temps pour vous parler du fonction-nement interne des communautés autochtones, mais manquant de temps et d'ordinateur libre, je préfère vous mettre au courant des mes derniers avancements.


Sur le traversier
Après avoir donc passé plus d'une semaine à Natashquan  et au chalet de Pointe Parent, l'heure était venue, selon mes tripes, de reprendre la route. Comme à chaque fois, je suivis cette sensation à la lettre, et tendis le pouce au vent. Que dire, c'était avec la drôle de pensée du "devoir accompli" que je franchis à pied le panneau "Au revoir" de Natashquan.

Cela a peut-être l'air anodin, dit comme ça, mais bon dieu, avoir la possibilité de s'écouter en plein et de ne faire que ce dont j'ai envie, c'est là, sans aucun début de doute, que se trouve la plus grande richesse de ce voyage. Là où je puise toute ce bonheur quotidien, là où, mes envies quotidiennes rassasiées, chaque jour un peu plus, m'empêchent décemment d'imaginer vouloir faire quelque chose d'autre pour l'instant : cela en est devenu ma drogue ! Et vous me l'accorderez, "pas si pire", comme ils disent. ^^

Le Phare Ouest de Matane, mais pas de cow-boy !
Bref, très vite, je suis à Havre-Saint-Pierre, exactement au même endroit qu'à l'aller, mais cette fois-ci, en plus de ce vent glacial qu'aucun relief ou végétation ne coupe, s'est associée une pluie constante, mouillant pour de vrai. Je m'attends à attendre longtemps... et bien non ! A peine 5 minutes, je retrouve exactement le même mec qui m'avait pogné, exactement au même endroit que la première fois ! Hasard, hasard... :)
La meilleure de toute est qu'il s'en va pour Québec, il s'agit donc là d'un lift unique pour descendre toute la Côte Nord, au chaud et abrité de cette pluie merdique ! J'aime ce voyage !

C'est quoi le nom de ce voyage déjà ?
Mon objectif initial était de retrouver Yves, à Port Cartier (celui qui m'avait hébergé deux jours) : je ne le trouvai pas chez lui, mais à sa roulotte dans son camping de la Pointe aux Anglais. Malheureu-sement, la place est déjà prise par de nombreux futurs invités, et donc, je reprends la route avec Nico, pas mécontent néanmoins d'avoir pu revoir ce grand monsieur qui restera sûrement toujours anonyme, mais digne des plus grands (tels de nombreux autres !).

Nico a rendez-vous dans un presbytère de Chute-aux-Outardes, peu après Baie Comeau. Un pote curé, du curé de la paroisse de Havre-Saint-Pierre de Nicolas, lui a dégoté cette place chez Jimmy, un Lillois devenu missionnaire depuis 6 ans. Nous arrivons tard et avons le temps seulement le lendemain de discuter un peu de la réalité de ce curé, seul pour plus d'une dizaine de paroisses étalées sur plus de 1000 km... genre il se rend a Fermont, une grande ville minière du nord, en avion !

Depuis l'auberge... pas si pire !
Le lendemain, je quitte Nicolas, après près de 800 km de route passés en sa compagnie plus qu'intéressante. Merci à toi ! Ah, j'oubliais, il est également celui qui accomplit la mission donnée par André. 
André, c'est le patron de l'auberge de Tadoussac. En le quittant, comme je montais dans le nord, il me donna la mission de lui trouver un chasseur de phoque pour pouvoir se concocter de bons petits plats à l'auberge ! Quand j'avais abandonné tout espoir, n'étant pas monté suffisamment au nord, voici que l'un des rares chasseurs me tombe sur le nez... J'adore ce voyage ! :D
Mon objectif au matin est de prendre le traversier de Godbout, a 1 h du presbytère, (je reviens sur mes pas donc) ; mon premier lift sera un couple d'évangélistes avec qui je n'aurai pas le temps de creuser vraiment leurs croyances pour m'en faire une idée précise. Je suppose néanmoins qu'il sera plus courant d'en croiser aux USA... Wait'n see !
Le dernier, histoire de boucler la boucle comme le hasard de ce voyage le veut, il s'agira du coordinateur de la pêche au crabe de la communauté de Petsiamite, le collègue de celui qui me déposa la première fois à Natashquan... J'adore ce voyage !

Les Chics Chocs !
Un brunch plus tard en attendant le traversier, et me voilà sur le bateau (même pas malade), avec un lift pour me déposer au centre de Matane sans avoir demandé quoi que ce soit !
J'avais repéré sur mon guide l'auberge festive Sea Shack à 14 km de Sainte-Anne-des-Monts, cela serait mon arrêt, et peut-être même mon camp de base avant de me lancer dans le SIA. Je ne serais effectivement qu'à 2 h de route de Gaspé.

Au cœur du Parc national de la Gaspésie, au pied du Mont Albert
J'arrive en fin d'aprem : il y a foule et grosse activité... et pour cause, Bernard Adamus, un mec connu dans tout le Québec, que je ne connais pas, vient faire un  show au soir.
- "Salut, çà serait pour dormir quelques jours"
- "Aiie, tu as réservé ? Aieee, tu as ton billet pour le show ?
- "Non et non... :("
- "Hééééé, t'es chanceux, deux mecs viennent de se désister !"

J'adore ce voyage !

Bref, cela fait maintenant 5 jours que je suis là, en tant que bénévole, comme à Tadoussac. Nettoyer les chalets, aller faire du bois de construction, ce n'est pas si pire, tout ça dans une ambiance vraiment agréable et un cadre enchanteur ! Je bosse 6 h une journée et j'ai la suivante de libre, ou 3 h par jour. J'ai choisi la première solution, plus pratique pour découvrir le pays.

 
PRINTEMPS !
Hier, je n'ai pu résister plus longtemps à l'attrait des montagnes appalachiennes et me suis rendu au pied du Mont Albert. Quelques renseignements de pris quant à ma traversée, normalement impossible à cause des zones fermées pour la protection du Caribou : cela devrait pouvoir se négocier. :)
Et zou, en avant pour les montagnes : j'attendais depuis longtemps de les voir, eh bien je ne suis pas déçu ! Quel époustouflant décor, tout ceci, agrémenté des premiers verts printaniers  : sublime !

Oui, oui oui, je sais, dès que je peux, je vous mets des photos ! DONE !



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A très bientôt pour la suite !

lundi 20 mai 2013

Mon point de vue : mythes et réalités sur les Innus

Bon, toujours pas de photo, il faut préserver la bande passante de l'auberge.

Alex, qui m'offrit des œufs de Mohawks, délicieux !
Je continue néanmoins. Durant mon isolement volontaire en pays innu, j'ai la visite fortuite de deux "aînés", le père de William et son ami, garde-chasse de la communauté. Pendant deux heures, l'échange sera si riche qu'il m'émeut encore. Évidemment, la discussion se concentra rapidement sur leur mode de vie qu'ils sont fiers de partager.

La vie des Innus, et plus largement des autochtones du Québec, depuis l'arrivée des Européens est simplement révoltante. D'abord vus comme des sauvages à éliminer, ils se transformèrent très vite en alliés indispensables pour faire face au climat et environnement du Nouveau Monde. Ainsi, les premières dizaines années d'occupation se firent dans une entente cordiale, où l'Occidental était "chez eux" et ne pouvait pas faire ce qu'il voulait.
Puis, quand ces derniers prirent de l'importance, que la guerre de Sept ans qui aboutit à la capitulation des Français en Nouvelle-France se termina, les "sauvages" n'avaient plus raison d'être dans le schéma colonisateur.
L'assimilation, était en marche, avec ses différents procédés tous plus horribles les uns que les autres. L'un d'entre eux, que les anciennes générations encore en vie ont connu : les pensionnats, fait partie des blessures les plus à vif. Le principe : kidnapper les enfants des communautés (déjà parquées depuis longtemps...) pendant 10 ans et leur interdire toute utilisation de leurs cultures traditionnelles tout en leur fournissant uniquement une éducation occidentale... sans parler de la violence physique, les viols... Preuve, néanmoins, que le statut d'autochtone évolue rapidement ces dernières années (depuis 20 ans environ), le sujet tabou des pensionnats est de plus en plus discuté en public.
Route des barrages en question
Les traités territoriaux sont une autre mascarade dont je ne peux pas ne pas parler. Lors de la colonisation de l'ouest, différents traités permirent aux Blancs de gagner du terrain. Mais au vu des termes de l'échange, on est en droit de se demander si les autochtones étaient vraiment à même de se rendre compte de ce qu'ils signaient, souvent d'une croix. Ainsi, toutes les nations du Québec ont cédé leurs territoires sans trop de difficulté, et ce pour une bouchée de pain.
Toutes, sauf une : la nation Innu ! Occupant toute la Côte Nord, ils possèdent l'un des plus grands territoires et sont parmi la nation la plus nombreuse. Mais jamais, ils n'ont signé de traité autorisant les Blancs à occuper le territoire, à y construire mines et barrages aux nombres et dimension toujours plus titanesques. En résumé, c'est comme si, nous Français, allions planter une mine en Suisse en leur disant avec le sourire, et sans aucune gêne : "je sais que ceci est chez toi, mais je m'en fous !".
Comment cela est-il possible encore de nos jours !? Dans leur malheur, les Innus ont la chance d'être en capacité aujourd'hui de négocier des arrangements en connaissance de cause, et il y a fort à parier que cela soit dans un futur proche, tant la société autochtone s'est réveillée efficacement ces dernières années (cf le soulèvement "idle no more").

On peut entendre toute sorte de préjugés au sujet des "indiens". En effet, ayant un statut particulier, lié directement aux lois historiques les concernant uniquement, ces derniers jouissent et subissent une loi différente d'un citoyen québécois classique. Cela nourrit ainsi tout un florilège de jugements faux, liés à une méconnaissance de la "la loi sur les indiens", encore appliquée aujourd'hui et ses aberrations.

Petite pause avant la levée des casiers
Malheureusement, l'une des choses réelle que l'on entend quasi systématiquement lorsqu'on parle d’autochtones, est le problème lié à l'alcool et la drogue avec, forcément, toutes les conséquences qui vont avec : violence, chômage, décrochage scolaire tôt et massif.
Néanmoins, il suffit de passer une journée ou deux dans une réserve (quel mot à vomir !) pour comprendre comment ces gens en arrivent à de tels comportements.
Tiraillés entre leurs cultures, leurs traditions, qui n'ont parfois plus raisons d'être, et la culture occidentale imposée jusqu'alors, avec son lot de désolante externalité, cela me parait tout à fait logique, par voix de conséquence, que l'on finisse par se perdre, que l'on préfère la fuite dans ces drogues pour son équilibre personnel.
J'en suis profondément attristé... tant de mal a été déjà fait, tant de savoir ancestral à jamais effacé, toute une sagesse éradiquée sur l'autel de la "modernité"... Parfois, j'ai honte d'être un Blanc.


Toute la gang, portant avec fierté les couleurs des premières nations !



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La suite bientôt !

dimanche 19 mai 2013

Natashquan, me voilà !

Boooon, voilà le temps de vous parler de mes aventures plus en détails !


Musée Shaputuan, à Sept Îles
Nous en étions donc rester sur mes projets de quitter Yves, qui m'hébergea gracieusement 2 jours a Port Cartier, pour rejoindre Sept Iles et ses musées, et en particulier celui consacré a la culture innu.

La providence me suivant partout, elle me donna une visite gratuite et commentée par le conservateur. Y est projeté un film qui couvre les 4 saisons des Innus, où à chaque époque, une chasse différente se joue.

Église de Rivière-au-Tonnerre
Cela me permit ainsi de mettre enfin des mots et des images sur cette culture que je voulais à tout prix découvrir plus profondément. En sortant de là, j'avais déjà un bon début de réponse.





Une vieille maison de Rivière-au-Tonnerre
Je continuai la route pour finir la journée à Rivière-au-Tonnerre, magnifique petit village, entre mer et rivière.
Depuis Sept Iles, le décor avait drastiquement changé, quittant le tunnel d'épinettes pour un début de toundra : petits arbres et arbustes, affleurements rocheux parsemés de lacs, le tout entouré d'un marécage à perte de vue...cela a comme un gout de bout du monde ! :)

Une petit catastrophe gastronomique me mit de mauvaise humeur en soirée : le contenu entier d'une bouteille de sauce au vinaigre s'est répandu dans le sac étanche, mais troué récemment, de bouffe... je vous laisse imaginer l'odeur, particulièrement difficile à éliminer !

Bref, le lendemain, j'étais encore fâché contre moi même : cela faisait deux jours que je me disais que ceci allait arriver... grrrr... cela m'aura au moins permis de prendre comme nouveau principe "tu y penses, tu le fais". Le mec complètement non rigoureux qui l'apprend à ses dépends quoi... sûrement le meilleur et le plus rapide moyen de le faire d'ailleurs !

Anyway, en checkant le papier du bateau montant jusqu'à Blanc Sablonc, je me rends compte qu'il arrivera demain à Natashquan, l'idée me redonne le moral : ce soir, je couche à Natashquan !
Le voyage en pouce qui m'attendra sera toujours à la même note que le reste : invité à manger le crabe (genre le truc qui coûte une blinde !) par le seul restaurateur de Havre Saint Pierre, invité à mon retour par un ancien pouceux avec une vie de fou (genre parti à 18 ans sur un coup de tête pour 4 ans de pouce...), pour une excursion sur son zodiak dans les îles de l'archipel de Mingan (genre le truc qui coûte une blinde bis !), et enfin par le coordinateur innu de la pêche au crabe de la communauté de Natashquan, Pointe Parent, avec qui je compléterai encore un peu plus ma découverte de ce peuple.


L'église de Natashquan, avec ses "galets", en fond.
J'arrive en fin d'après-midi, à cette étape tant rêvée, imaginée : bordel, j'y suis !

Je me sens pousser des ailes, comme si j'avais la confirmation d'être réellement capable de réaliser ce que j'avais prévu, que rien n'y personne, pas même moi ne m'en empêchera.

Le bateau ayant finalement un jour de retard, je décide, en l'attendant, de camper à proximité du port pour tenter, à 2 h du matin de monter sur un bateau de pêche aux crabes.
Providence, providence, à 2 h, comme prévu j'embarque, sans le savoir, sur le plus gros, le plus moderne navire de toute la Côte Nord, navire, qui, de plus, appartient à la communauté de Pointe Parent. C'est donc en compagnie de tout un équipage innu que je vais passer mes premières 19 h de haute mer...malade comme un chien !
Partis à 2h du matin... splendide !
"D'habitude, on ne sort pas par ce temps" ... LOL
J'ai quand même le temps d'observer le travail difficile que ces hommes accomplissent, ainsi que de discuter avec eux. Au retour, je suis invité par l'un d'eux à passer, quand je le veux, pour partir à la chasse aux outardes (oies du Canada) et autres pratiques traditionnelles de la vie à Pointe Parent !
Quand je vais me coucher, la terre tangue encore, et cela me prendra toute la nuit pour m'en remettre.


 Au matin, je décide de ne finalement pas prendre le bateau : trop cher...tant pis !
Je décide donc d'aller à la réserve... A 2 minutes près, je ratais mon ami qui partait à la chasse. Ainsi, je n'ai même pas le temps de dire bonjour à toute la gang de jeunes chasseurs que je suis déjà à califourchon sur le quad de William.
Nous roulons presque jusqu'au bout de la route 138, avant de nous enfoncer dans le marécage. On traverse une zone dévastée par le feu il y a plus de 10 ans : pas un arbre n'a encore repoussé. L'hiver étant rude et long, la végétation a seulement quelques mois par an pour pousser.
Les deux chasseurs, imitant à la voix, l'outarde
On finit par arriver à un ensemble de lacs où les outardes viennent passer la nuit. On bricole leur futur chalet de chasse à proximité et filons au coucher du soleil chasser. Nous n'avons pas le temps d'arriver au poste de tir qu'une oie, attirée par l’imitation quasi parfaite à la voix de leurs cris par Russel et Alex, ainsi que les fausses oies en plastique disposées sur l'eau, se pose à 25 m de nous. Je n'ai pas vraiment le temps de comprendre ce qui se passe que mes oreilles sifflent déjà des 3 coups de 12 tirés.
C'est pour moi, ma première expérience de chasse, et je dois faire un gros effort pour ne pas avoir de la peine pour cette "pauvre" bête. Connerie de culture occidentale... je viens juste d'assister au comportement le plus naturel de tout organisme vivant peuplant cette planète : manger l'autre pour survire. Ce n'est ni bien, ni mal, ni beau ou dégueulasse, cela est simplement naturel.
Toute la gang, le soir au chalet
La bête récupérée n'est d'ailleurs pas morte immédiatement, la voyant agoniser, je propose mon couteau aux tireurs pour mettre un terme à ses souffrances. Dans un éclat de rire, on me répond qu'ici on laisse la bête mourir le plus tard possible, permettant de garder la viande fraîche le plus longtemps possible. C'est juste logique, mais j'eus peur de les avoir blessés, finalement, en rediscutant le soir autour d'un homard, cela les avait juste fait rire. 

L'intérieur du chalet, et ce qui sera ma vie pour 1 semaine
Eh oui, un homard, mais en plus de cela, au chaud dans un chalet, chauffé au poêle, au fond du bois à 3 km de Pointe Parent. Éclairé seulement à la chandelle, débute ainsi mon expérience de la solitude au fond de la forêt. Je suis hébergé une semaine dans le chalet du frère de William, où attendant la venue en vain de ce dernier, je vais finir par apprécier ce moment de solitude.
J'écris beaucoup, sculpte des petits pendentifs ou tresse des bracelets dans l'optique d'offrir ces objets en remerciement pour les futurs hébergements.
Le temps passe finalement vite, et j'y prend goût rapidement.


Mais mais...la suite au prochain épisode ! :p (et des photos peut-être) 


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samedi 18 mai 2013

Pfff mes amis, que d'aventures en une si courte période de temps !


Je n'ai pas vraiment le temps ce soir de vous conter mes aventures qui m’amenèrent, après les musées de Sept Iles à me rendre jusqu'à Natashquan, aller pêcher le crabe pendant 19 h en haute mer avec le plus gros bateau de la côte, aller à la chasse aux outardes avec les Innus de la communauté de Pointe Parent, être hébergé  pendant une semaine par l'un deux dans son chalet au bord de la route 138, mais à 3 km du village, au fond du bois, y rester 3 jours pratiquement tout seul, à y vivre le rêve canadien en plein... et puis reprendre la route, pour être repogner par le même mec qui n’emmena à l'aller, et pour finir, ce soir, en Gaspésie, après avoir pris le traversier a Godbout, dans une auberge de jeunesse à côté de Ste Anne des Monts où, comme de par hasard, un gros show, avec Bernard Adamus se tient ce soir et où l'ambiance est plus qu'accueillante !

Je vais être bénévole, comme à Tadoussac, pour ainsi, préparer tout en confort mon périple sur le Sentier International des Appalaches, que je compte faire débuter dans deux semaines environ. J'aurai ainsi le temps de vous raconter tout ceci plus en détail et en photos dans la semaine.

Dans tous les cas, sachez que je vais plus que bien, que ce voyage continue d’être plus formidable et surprenant chaque jour...et que je ne compte pas rentrer de si tôt ! :p

Je vous embrasse tous, famille, enfants et parents de Roisey, collègues anciens et nouveaux amis français, québécois ou innus !

A plus tard sous le soleil !

lundi 6 mai 2013

S'entendre, s'écouter : recette du bonheur !

Me revoilà !

On the road again !
Dans mon dernier post, j'étais sensé partir le lendemain...finalement je suis resté une journée de plus dans ce sublime havre de paix. Il règne réellement au sein de cette Auberge un esprit qui me mit tout de suite a l'aise et continue de m'apaiser quand j'y repense. Mon acolyte me confia d'ailleurs qu'il tient une liste d'endroit comme celui-ci, qui, en cas de baisse de moral, ou juste un coup de mou de passage, pourrait l'accueillir et lui donner ce dont il aurait besoin. J'ai trouvé l'idée géniale, et, c'est sûr que cet endroit restera longtemps sur cette liste.

Le fait de rester une nuit de plus est l'exemple parfait de ce dont je suis le plus fier, ce pourquoi j'ai décidé de partir : réapprendre à s'entendre et s'écouter ! Le matin du présumé départ, je m'étais couché tard, j'avais la tête dans les fesses. Il pleuvait. Sans parler de cette fameuse sensation de malaise : je n'avais pas envie de partir aujourd'hui. C'est finalement l'idée de retrouver Sarah, une jeune Française qui travaille à Montréal, qui me décida définitivement de rester. C'était déjà en sa compagnie que je m'étais couché tard la nuit passée... et cela n'allait pas s'arranger lors de la soirée qui allait venir ! ^^
Avant cela, c'était le "Hockey time" ! Le bar de l'Auberge est transformé en salle de cinéma (avec les sièges et tout et tout !) et ils projettent le match sur grand écran au mur ! Trop cool !
Rien que pour le folklore, cette soirée en valait la peine, c'était vraiment chouette, même s'il me fallut plusieurs explications pour commencer à comprendre les regels. :p

Ainsi, après une courte nuit de seulement 3 h de sommeil, les tâches ménagères effectuées (heureusement que deux nouveaux bénévoles étaient arrivés la veille... on y serait encore !), un succulent casse-croûte concocté par Sylvain... Let's run for the road again !

Trouvé sur la route. Placé face au nord, à mon image :D 
L'idée était de rejoindre au minimum Baie Comeau pour acheter un nouvel appareil photo et trouver un hébergement (ou dormir dehors) a Godbout.
Finalement, la magie du pouce ne cessant jamais de s'opérer, je suis récupéré à la sortie des Escoumins par Mathieu, Joey et Justine, trois jeunes Montagnais (la tribu amérindienne qui est présente sur toute la côte nord). Ayant toujours eu comme objectif de découvrir ces peuples, leurs modes de vie, leurs problématiques, je ne peux refuser la proposition de Justine de m'héberger pour la nuit... J'adore le pouce !
Une soirée mémorable où ma barbe fût rasée pour je ne sais plus quelle raison. :D
En plus du bon temps, j'eus donc l'occasion d'observer rapidement ce qu'était la réalité d'une réserve. Mon dieu... comment pouvons-nous tolérer que l'on fasse celà à des êtres humains !
Ils sont emprisonnés, rien de plus, rien de moins, et dans tous les domaines. Géographiquement, les soit-disant avantages qu'on leur donne les amènent à ne pas sortir de leur village, village qui dit en passant, ressemble plus à un camp de concentration amélioré. Ils vivent maintenant à l'occidental... et comme tout ce qui est occidental, ce n'est pas beau à voir !
Tout a été fait pour que ces gens perdent leurs origines, tout ce qui faisait sens dans leurs vies. Aujourd'hui, perdus entre leur histoire et ce qu'on a voulu leur inculquer, un grand malaise domine. C'est vraiment triste.
Néanmoins, on sent ces dernières années qu'une volonté nouvelle de défendre leurs droits apparaît, entre autres, avec le récent soulèvement "Idle no more".
Cette soirée était une chouette mise en bouche aux autres réserves que j’espère pouvoir découvrir sur ma route vers le nord.

Les adieux faits, je marche quelques minutes le long de la 138 avant d'être déposé à Baie Comeau ou j’achète un nouvel appareil. Un lift avec le "morning man" (l’animateur de la matinale de la radio locale) plus tard, et je suis à la sortie de Baie Comeau. Le pouce ne marche pas, et à vrai dire, cela m'arrange (serait-ce lié ?), j'ai besoin de grand air : ce soir, je dors dehors !
Je me trouve un coin sympa à côté d'un lac encore partiellement gelé. Je m'autorise une sieste au soleil (j'ai du sommeil à rattraper avec ces nuits de débauche !). Quel luxe ! Et quel bonheur ressenti !
Je décide de dormir à la belle étoile, il ne devrait pas pleuvoir cette nuit. Néanmoins, je n'aurai pas le temps d'en profiter réellement car dés que le soleil se cache je suis envahi par mes premiers moustiques de la saison ! Je me cache sous le duvet, et passe une excellente nuit réparatrice.

Le lendemain, le premier lift me dépose a Godbout, village que je voulais découvrir, joli, mais sans plus. Je décide de reprendre la route.
Après 4 km sur la 138, je suis pogné jusqu'à la Pointe aux Anglais, joli village avec des plages immensément longues, bordées tout du long par ces caravanes version US. Déposé devant un restaurant type "de routier", allez savoir pourquoi, moi qui m’étais dis que je ne fréquenterais pas de restaurant, trop cher pour mon budget, je m'y suis finalement commandé un des plats typiques du Québec : une poutine ! Des frites, du cheddar fondu et une sauce particulièrement bonne !

Godbout
Le hasard n'existant pas, Yves, assis la table en face de moi, voyant mon gros sac à dos, finit par engager la discussion :
- je tiens un terrain de camping à roulotte en bord de plage, tu veux venir voir ?
- Et pourquoi pas ! 
15 minutes plus tard, je visitais les fameuses roulottes... bon, disons des maisons à 50 000$ sur roues. Assez impressionnant ! Je leur file un coup de main à l’installation de l'une d'entre elles, et quelques heures plus tard, je suis au chaud dans sa maison, à Port Cartier. Yves, c'est l'exemple parfait du "trail magic", plus généreux tu ne peux pas ! Il m'a même proposé de rester une nuit de plus, chose que je vais faire, vu le temps pas terrible qu'il fait dehors et l'idée toujours passionnante de découvrir toujours plus la vie que l'on connaît ici.

J'apprends une autre grande leçon d'humilité et de bienveillance en sa compagnie. Lui et sa femme n'ont pourtant pas beaucoup de chance dans la vie, et pourtant les voilà, aussi généreux qu'heureux. Merci à eux !

Je compte donc rester un jour de plus en leur compagnie. Ensuite, l'idée est de visiter Sept Iles et ses musées (les seuls ouverts à cette saison !), pour ensuite aller passer quelques jours à Havre Saint Pierre avant mon grand objectif !



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A bientôt sous le soleil !


jeudi 2 mai 2013

Photos, photos !

Enfin ! Enfin des photos ! Ce ne sont pas les miennes, mais celles de David, un pote belge rencontré sur la plage depuis le premier jour.

Peux être, que prochainement je réussirai à récupérer des photos des baleines d'hier auprès de Kelly et Sylvain.

Enjoy !



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Vous voyez ici Tadoussac, et les berges des environs. C'est joli hein ? :p A plus !

mercredi 1 mai 2013

L'appel du nord

Il y a des sensations qui ne trompent pas : ça y est, j'ai la bougeotte à nouveau.

Je n'aurais pas pu rêver meilleure dernière journée (qui ne l'était pas avant il y a quelques heures).


Après les tâches de ménage du matin, nous filons, Sylvain, Kelly, Coralie et moi, sur la plage de la baie de Tadoussac avec des saucisses et de quoi se faire de bons et beaux sandwichs cuits au feu de bois. 



Le feu tourne, les saucisses cuisent, et là, soudain, à 50 m environ, un petit rorqual fait sont apparition et se dirige à l'intérieur de la baie. Dans un panache de gouttelettes d'eau il continue sa route, nous remontrera son dos et sa belle nageoire 5 fois (à moins de 100 m !), avant de s'en retourner au large.

Le souffle encore coupé, nous décidons de monter un peu sur les hauteurs, histoire de voir l'embranchement du Saguenay et du Saint Laurent. Au loin, c'est deux groupes d'une dizaine de belougas qui étincellent de toute leur blancheur.... et comme si cela ne suffisait pas, alors que la lumière rasante du soleil fait embellir encore plus l'embouchure du fjord, c'est une dizaine de rorqual squi se laisseront observer des heures durant !


La baie de Tadoussac, imaginez le rorqual juste en face de vous,
et nous sur la plage juste a coté, a droite !

Magique ! Qui a dit que tout arrive à temps à celui qui ne cherche pas ? :)

Bref, une chouette après-midi, en très bonne compagnie, comme on en rêve !

Cependant, cela n'entame en rien ma décision qui se décida durant l'observation des cétacés : plus rien en quelque sorte ne me retient ici. Les baleines : FAIT. Next !

L'étape suivante sera sûrement Baie Comeau, la première des trois grosses villes de la côte nord.
J'espère bien trouver là-bas un nouvel appareil photo.

A partir de maintenant, plus j'irai au nord, moins il fera chaud, moins il y aura de touristes, moins de modernité, mais toujours plus d'authenticité, de gens simples et généreux... enfin, c'est ce qu'on me dit. Je verrai bien !

Je me laisse 1 mois pour faire la partie violette sur la carte interactive, soit toute la côte nord jusqu'à Natasquhan, l'île d'Anticosti, et la traversée de la Gaspésie jusqu'à Percé ou Gaspé.
Bref, j'ai de la route, plusieurs possibilités trottent dans ma tête actuellement :
- je ne me presse pas, et tant pis si je démarre plus tard que prévu le SIA, j'aviserai aux US quand l'hiver se présentera
- je me presse à fond et fait tout ce que j'ai prévu
- je ne me presse pas, et fait sauter l'escale sur l'île d'Anticosti, qui, de plus, risque de me coûter cher en bateau (si je ne trouve pas bateau stop).

Le choix se prendra naturellement en temps et en heure, je ne me fais pas de souci.

Pour le reste, le moral est forcément boosté à fond, motivé à nouveau par cette excitation du voyage vers l'inconnu. La santé va parfaitement bien. Je pète la forme !


L'Auberge

Un petit mot tout de même sur l'Auberge de jeunesse de Tadoussac qui me nourrit, me loge, me blanchit depuis 5 jours en échange de mes petits services.
Pour résumer rapidement : sans cette auberge, et la communauté de hippies des années 75 qui la créa, il y a de fortes chances pour que Tadoussac soit devenu un village fantôme.





De gauche a droite :
deux touristes, Sylvain, moi, Rachel, Guillaume, Mélanie,
André, Andou, Réjean, Jean Yves et Coco
C'est à travers des gens comme André, le patron, Coco, le cuisto, Régan le bricoleur, Petite Andrée la boulangère, Magalie la comptable et j'en oublie des dizaines (tous bénévoles sauf pendant les trois mois de l'été), que cette maison reste ouverte toute l'année (seule du village !), faisant de son bar avec terrasse, le centre de vie de ce patelin.
Et dieu sait que le chemin fut semé d'embûches, d'hier à aujourd'hui encore d'ailleurs !
André, merci pour ton exemple de courage et de persévérance que tu nous as transmis lors de l'historique de la maison (pendant tout un repas, il captiva toute l'assemblée !).

 Même si je tentais de m'en persuader et de l'appliquer depuis un moment, avec toi, cette idée devient concrète :


 "Si tu as envie de faire un truc, fonce ! 
Il n'y a que toi qui peut t'empêcher de faire quelque chose"


Ce n'était que moi qui m'empêchait de prendre la route, ce n'est que moi qui m'empêche de partir à plusieurs, ce n'est que moi qui... Il va y avoir du changement !

Allez, dès que j'ai les photos, je vous envoie ça...en attendant, allons arroser cette dernière soirée ! :D

A bientôt sous le soleil !